Série alimentation (3) : une thématique hautement sociale
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Les associations alimentaires accueillent chaque année plus de 5 millions de bénéficiaires réguliers. Avec le COVID, ce chiffre a explosé. La crise sanitaire met en lumière la difficulté pour les Etats développés de mettre à l’abri de la faim toute sa population. Pour pallier cette insuffisance, des acteurs agissent chaque jour et proposent des solutions au niveau national comme localement à Clermont-Ferrand 

Juin 2020, le Secours Populaire de Clermont-Ferrand lançait son premier marché solidaire, le marché pop’, à la Tôlerie. Pendant trois jours, les bénéficiaires ont pu avoir accès à des produits frais, en partie en circuit-court à des prix très avantageux. Désormais, le marché a lieu à Aulnat tous les deuxièmes mardis du mois. Une action intéressante quand on sait que les personnes en situation de précarité font souvent l’impasse sur la qualité de l’alimentation avec des impacts non négligeables sur la santé. Depuis le début de la crise de la COVID, les bénéficiaires ont augmenté de plus de 30 % dans le Puy-de-Dôme. L’aide alimentaire est malheureusement indispensable pour pallier les carences de notre société.  

A Clermont-Ferrand, nombreuses sont les structures à s’engager pour permettre l’accès de chacun à une alimentation de qualité. Le service santé universitaire propose par exemple des paniers de produits locaux à prix réduits en partenariat avec l’association Lieu’topie. Cette même association récupère les invendus issus de magasin bio pour les vendre à prix libre. Elle organise régulièrement, notamment avec l’Etonnant Festin, des Grandes Bouff’ Solidaires, où chacun peut venir déguster les repas cuisinés par les bénévoles. 

D’autres souhaitent sensibiliser les populations les plus précaires en s’installant dans des quartiers de la politique de la ville. C’est le cas de la Coop’ des Dômes, installée aux Vergnes, coopérative qui travaille exclusivement en circuit court. L’association Horizons Métissées a, quant à elle, installé le premier frigo solidaire au sein d’une épicerie de produits locaux avenue Charras, dans le cadre du premier budget participatif. Certaines structures réfléchissent aussi à conventionner avec le CCAS (Centre communal d‘Action Sociale) afin d’accepter les bons alimentaires délivrés aux personnes précaires. 

De son côté, la Ville agit aussi pour permettre un accès généralisé à une alimentation de qualité. C’est le cas avec la mise en place de la tarification sociale dans les cantines où sont proposés 20 % de produits biologiques et depuis le début de l’année 2021 deux menus végétariens par semaine. Elle développe aussi l’autoproduction par le développement des jardins familiaux dans les quartiers nord, comme aux Vergnes. Installées sur une superficie totale de 40 216 m², ce sont 172 parcelles louées Clermontois, prioritairement à ceux habitant en appartements sans jardin. 

Un système de sécurité social de l’alimentation 

La proposition de chèque alimentaire portée par la Convention Citoyenne pour le Climat doit permettre de poser plus largement la question d’une sécurité sociale de l’alimentation. Ce concept, défendu notamment par le réseau CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) et l’ISF AgriSTA (Ingénieurs sans frontière, Agriculture et Souveraineté Alimentaire), aborde la question de l’alimentation en la mettant en lien avec la réforme agricole indispensable tant le fonctionnement actuel crée de la souffrance au sein des exploitations. Elles proposent alors d’accompagner de pair mutation agricole et accès à tou.te.s à l’alimentation en sanctuarisant un budget de 150 € par mois et par personne à intégrer dans le régime général de sécurité sociale. Tout comme pour la sécurité sociale à son origine, ce budget devra être établi par des cotisations garantes du fonctionnement démocratique de caisses locales de conventionnement. Chacune de ces caisses, gérées par les cotisants, aurait pour mission d’établir et de faire respecter les règles de production, de transformation et de mise sur le marché de la nourriture choisie par les cotisants. Ainsi, les professionnels devront produire une alimentation conforme aux attentes des citoyens pour avoir accès ce marché. Pour cela, il est important de soutenir le développement d’exploitations sur notre territoire et développer la distribution avec les acteurs du territoire.  

Le projet de ceinture maraîchère, porté par les écologistes lors des élections municipales et au cœur de la délégation de Jean-Marie Vallée, vice-président écologiste en charge de ces questions, devra s’inscrire plus largement dans un principe de sécurité alimentaire en conjuguant bien-être des agriculteurs, qualité et accessibilité à une alimentation de qualité.  

Pour ce faire, il pourra être intéressant par exemple de rapprocher le monde agricole et les structures en circuit court du CCAS, et soutenir voire amplifier les actions portées par les acteurs locaux.

FIN

Le reste de la série :

Volet N°2

Volet N°1