Série alimentation (2): Initier une nouvelle politique agricole métropolitaine
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Pour la première fois au sein de l’intercommunalité, un vice-président a été désigné pour les questions d’alimentation et d’agriculture, Jean-Marie VALLEE, adjoint au maire de la commune de Pont-du-Château et membre du groupe EELV. Avec en ligne de mire des thématiques essentielles telles que l’autonomie alimentaire, le développement de circuits-courts et la promotion d’un modèle agricole soutenable.  

La question de la création d’une ceinture maraîchère autour de la Métropole a été l’un des grands sujets des dernières élections municipales. Derrière ce concept se cache une multitude d’enjeux, au sein d’un secteur agricole en crise profonde, alors que 43 % des exploitants agricoles partiront en retraite dans les dix prochaines années et qu’en 10 ans, la Métropole a perdu une trentaine d’exploitations. Outre la question essentielle de l’accès au foncier, se posent les questions de vocation, d’agriculture nourricière, d’agroécologie ou encore de gestion de l’eau sur lesquelles la Métropole devra prendre sa part.  

Actuellement, pour 3 départs à la retraite, seuls 2 agriculteurs prennent le relais. Pourtant, l’agriculture n’est pas en crise de vocation. Mais l’accès au foncier devient de plus en plus compliqué. Le coût moyen d’une installation pour un agriculteur s’élève à plus de 300 000 €. De plus, il faut s’engager dans un véritable parcours du combattant afin de trouver des terres. Celles-ci se font de plus en plus rares pour deux raisons, l’agrandissement des fermes et l’étalement urbain, ce qui pose de réels problèmes sur la dynamique des territoires ruraux (des agriculteurs de moins en moins nombreux) et renforce l’inaccessibilité (les grandes exploitations industrialisées coûtent beaucoup plus cher à l’installation). 

Réaliser une veille foncière 

Les collectivités, en fédérant les associations agricoles telles que la FRCIVAM (Fédérations des Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), Bio63, Terres de Lien ou Îlots Paysans et la SAFER, doivent avoir une connaissance précise de la population agricole du territoire, afin de réaliser une veille foncière sur les projets de cession.  

Sécuriser l’accès pour les agriculteurs  

Une fois réalisée, il est essentiel de « sécuriser » l’accès au foncier en utilisant toute la palette d’outils à disposition des collectivités : sensibilisation des agriculteurs proches de la retraite sur les enjeux de la transmission (avec le travail d’Accueil Paysan par exemple), droit de préemption, zone agricole protégée ou encore périmètre de protection des espaces agricoles périurbains. Pour ce faire, la mise en place d’une structure en charge de l’acquisition du foncier est l’un des grands enjeux de cette politique agricole métropolitaine. Elle peut se faire par le biais d’organismes existants tels que Terres de Liens, ou par la création d’une structure juridique [Société Publique Locale (SPL), Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), Société d’Économie mixte (SEM) …] et associer d’autres collectivités, en prenant l’échelle du Plan Alimentaire Territorial par exemple, qui regroupe le Grand Clermont et le Parc Naturel Régional du Livradois-Forez). 

Sur ce principe, le projet de Ferme de Sarliève porté par Bio 63, Terre de Liens et Îlots Paysans est exemplaire.

Les collectivités doivent aussi s’engager sur le principe de zéro artificialisation nette, alors que 775 hectares ont été artificialisées en 10 ans dont 86 % d’espaces agricoles. Cela nécessite d’arrêter l’étalement urbain en jouant sur un équilibre subtil entre nature en ville et densification, mais qui est atteignable : requalification des zones d’activités économiques, reconversion des friches, réduction de la place de la voiture (création de parking en silo par exemple).  

Attirer les vocations  

En parallèle, il est important de mettre en place un parcours d’accompagnement des agriculteurs, notamment ceux qui ne sont pas issus du cadre familial (HCF pour Hors cadre familial) dans leur parcours d’installation. Cela peut prendre plusieurs formes : mise en avant des formations, soutien à la mise en place d’espace tests agricoles en partenariat avec Îlots Paysans, utilisation de la réserve foncière de la collectivité, mise en place de fermage par le biais d’un bail rural environnemental …  

Favoriser l’agroécologie 

Dans sa politique de promotion de l’agriculture, la collectivité a un rôle de planificateur et se doit donc d’orienter sa politique agricole vers le développement de l’agroécologie et des circuits-courts. Un exemple phare de l’engagement des collectivités dans la transition vers une agriculture biologique est le projet Biovallée dans la Drôme. A l’origine engagée dans la protection de la rivière Drôme, l’association souhaite faire du territoire un modèle de gestion et de valorisation des ressources en fixant, entre autres, l’objectif de 50 % de surface agricole biologique pour 2020 ou de 100 % des consommations d’énergie par de la production renouvelable et locale en 2040. La Drôme est un territoire reconnu pour son engagement dans l’agriculture biologique et son modèle a tout intérêt à être dupliqué !  

Les communes peuvent aussi jouer sur le biais de la commande publique en favorisant l’achat en circuit-court et en appliquant des critères environnementaux forts sur les marchés publics de la restauration collective.  

Tous ces efforts ne paieront que si une politique de gestion de la ressource en eau est acceptée par tous les acteurs. L’usage agricole de l’eau est très intensif, il représente la moitié de notre consommation et atteint 80 % en été. Cela passe notamment par un soutien (technique et financier) aux choix d’assolement économes en eau. En tout cas, c’est l’occasion de rappeler ici que les retenues d’eau ne sont pas une bonne idée pour trois raisons principales : l’évaporation, augmentation des surfaces irrigables et la pression pour mettre toujours plus de retenues en place. 

A SUIVRE…

Volet N°1

Volet N°3