Régions : une réforme territoriale à la hussarde
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Si les écologistes défendent avec vigueur la décentralisation et notamment le renforcement du rôle des régions, ils ne peuvent s’inscrire dans une démarche technocratique, à la hussarde comme celle initiée par le Président de la République et le Premier Ministre.

 Communiqué de presse des élus EELV du Conseil régional d’Auvergne du 3 juin 2013

Cette réforme est pour l’heure une pantalonnade, elle émerge dans la plus grande précipitation. Elle prétend susciter des économies sans s’attaquer au cœur du problème : le fonctionnement de l’Etat et ses relations avec les collectivités, la clarification et la répartition des compétences afin de supprimer les doublons et les trop nombreuses strates administratives.

Cette réforme pourrait malheureusement déboucher, sans aucune concertation avec les citoyens et les acteurs socio-économiques, sur le mariage de la carpe et du lapin, à l’instar de la fusion envisagée des Régions Rhône-Alpes et Auvergne, alors que les sondages ont plutôt montré que leurs habitants étaient contre cette fusion.

Pour les écologistes, la réforme territoriale ne peut se limiter à une simple réduction du nombre de régions car la taille des régions est une fausse-bonne question. Ce qui est déterminant c’est leur poids, autrement dit leurs compétences et les moyens financiers dont elles disposent. Or aujourd’hui, tradition jacobine oblige, à périmètre identique et à compétences égales, nos régions disposent de leviers financiers et de moyens humains très nettement inférieurs à ceux de nos voisins européens.

Ainsi, nous ne pourrons accepter une réforme qui ne donne pas les moyens aux collectivités d’exercer leurs compétences et qui aboutirait à un transfert de dette de l’Etat vers les collectivités. Cette réforme ne peut être celle de l’austérité et d’une politique de gribouille, elle doit être forcément pensée en même temps qu’une vaste réforme fiscale.

Par ailleurs, nous ne pourrons accepter de voir émerger des « méga-régions » à la logique concurrentielle et au périmètre totalement déconnecté des réalités de la vie des citoyens, des bassins de vie, des enjeux socio-économiques et environnementaux des territoires, du patrimoine historique et culturel, mais aussi des coopérations existantes. Ainsi, le Cantal, davantage tourné vers le Sud et le Sud-Ouest a-t-il vraiment sa place dans une Région Rhône-Alpes / Auvergne ? Quid de l’Allier plutôt tournée vers le Centre et la Bourgogne ?

Qu’on se le dise franchement, la question réside avant tout dans la coopération des régions et des territoires. Or, force est de constater que cette coopération n’est pas toujours à l’ordre du jour, qu’elle est perfectible, en matière ferroviaire notamment, où de nombreuses menaces pèsent sur les lignes interrégionales entre l’Auvergne et Rhône-Alpes, chacune des 2 régions se renvoyant la balle pour financer les investissements nécessaires.