La France a été violemment frappée par le terrorisme. L’état d’urgence se focalise d’abord sur la sécurité de la population. Cela ne doit pas se faire au détriment des valeurs que visent ces attaques.
Policière, l’urgence n’en reste pas moins démocratique. Ce serait reconnaître une victoire aux terroristes que de faire reculer nos droits fondamentaux pour d’incertains bénéfices. L’émotion, la peur et la sidération ne sont pas bonnes conseillères et ne doivent pas supplanter la nécessaire délibération démocratique, rationnelle et lucide.
Démocratique, l’urgence est aussi climatique et écologique, comme nous le rappelle la Conférence de Paris sur le climat. Nous devons interroger les racines des crises que notre monde traverse. Surconsommation d’énergies fossiles qui enrichit des régimes corrompus, du Moyen-Orient à l’Europe orientale ; surémissions de gaz à effet de serre qui accélèrent le changement climatique et son cortège de crises, notamment agricoles, sources de conflits entre les peuples.
Le changement climatique est un multiplicateur de menaces, y compris terroristes. Le cas de la Syrie est éloquent : 1 million de déplacés internes liés à une sécheresse historique entre 2006 et 2010 ont contribué à la dislocation du pays.
l’urgence est aussi locale. Soutenons les initiatives et alternatives citoyennes, créatrices de liens, porteuses de solutions: ce sont de vraies réponses à la terreur et aux fanatismes.
On entend plus le fracas de l’arbre abattu que le murmure de la forêt qui pousse, dit un proverbe africain. Il est donc urgent d’écouter aussi pousser la forêt.
N. Bonnet, O. Vignal, G. Vimont, D. Rogue-Sallard, F. Saint-André