Débattre de la 5G
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« Passé un certain seuil, l’outil, de serviteur, devient despote. […] Il produit des effets dont le résultat paradoxal est d’amoindrir l’homme en réduisant sa capacité de se débrouiller. Alors commence le grand enfermement », écrivait Ivan Illich dans les années 1970.

Faut-il que nous soyons déjà trop asservis pour que certains raillent le simple fait d’oser poser la question de ce seuil ? Car avec la 5G, c’est bien de cela dont il est question : d’un seuil et d’une rupture dont les effets sociaux, culturels et anthropologiques ne sont pas que de pure forme, tant « la technique n’est jamais neutre », selon le mot de Jacques Ellul. Elle doit donc être questionnée.

Faut-il que nous soyons déjà trop asservis pour refuser d’interroger nos modes de production et de vie, l’usage et l’utilité de nos outils, autant de questions devant être placées au cœur du débat démocratique ?

Faut-il enfin que nos contempteurs aient perdu le sens de la mesure pour faire de la technique et de son développement la seule finalité de toute vie sociale ? Les automatismes de l’utopie numérique se seraient-ils d’ores et déjà substitué à la faculté de penser ?

Quoi qu’il en soit, nous devons ouvrir le débat sur la 5G : ça n’est pas qu’une accélération des débits mais une vraie bascule vers l’ultra–connectivité, celle des réseaux, de la donnée et des algorithmes. Ça n’est pas l’utopie d’un monde dématérialisé mais la certitude de profonds impacts écologiques et énergétiques. Ça n’est pas que le rêve d’une médecine high tech partout accessible, c’est aussi une incertitude sanitaire dont s’est saisie l’ANSES : il est nécessaire d’en attendre les conclusions avant de nous précipiter dans le déploiement de cette technologie nouvelle.

Anne-Laure Stanislas, Nicolas Bonnet

coprésident.e.s