Clermont : le miracle IKEA ? (2)
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L’été clermontois a été marqué par l’arrivée d’IKEA dans le bassin clermontois. Alors que la poussière et les paillettes retombent, il est temps de tenter de discerner l’envers de cette arrivée si triomphale, du tapis rouge à tous les honneurs auxquels peut prétendre un investisseur privé, brandissant très haut l’importance des retombées économiques de son implantation.

Partie 1

– Partie 3

– Partie 4

En matière de retombées économiques, il est également important de tenter d’appréhender le poids de l’impact d’IKEA sur l’économie, si ce n’est locale, du moins régionale.

Au-delà d’une dynamisation éphémère de la demande locale d’ameublement qui risque d’aggraver la crise des concurrents locaux, on est bien en peine de mesurer l’impact de cette implantation sur l’industrie locale : l’approvisionnement d’IKEA est global et même si la firme affiche des ambitions à la fois sociales et environnementales, elle n’a que peu d’égards pour la filière bois en Auvergne et dans le Massif Central.

« IKEA a opté pour une production de plus en plus régionale plutôt que mondiale. Le besoin de raccourcir les délais d’approvisionnement, des coûts de transport plus élevés sur le long-terme, des économies d’échelle moins significatives passés un certain seuil, et un marché de devises fluctuant : tous ces facteurs justifient un rapprochement entre zones de production et zones de distribution, ce qui permet de surcroît une meilleure efficience écologique. En 2009, 56% des articles vendus en Chine étaient produits en Asie et cette proportion devait monter jusqu’à 85% dans les huit prochaines années selon les plans d’approvisionnement. De même, près de 40% des articles vendus en Russie sont produits sur place… »*

Les exemples donnés (Russie, Chine) soulignent moins une volonté de relocalisation que l’essor en termes de demande, de marchés et de clientèles émergentes. De plus, on mesure à ces phrases que nos échelles sont toute relatives ; le local d’IKEA est continental quand le nôtre reste désespérément… local. La seule production d’IKEA sur le territoire auvergnat n’est finalement qu’une production d’actes d’achat.

Mutation économique régionale

Impact discutable – ou restant à évaluer sur la durée – en termes d’emplois ; impact négligeable en termes de retombées pour le tissu productif régional. Reste à se poser la question de la nature économique du triomphe clermontois d’IKEA ; et sur le sens que prend cette implantation au regard de l’histoire économique de notre région depuis 20 ou 30 ans.

Le 30ème magasin français d’IKEA ouvre ses portes à Clermont-Ferrand et crée 210 emplois.

Au printemps de la même année, le ministère de la Défense annonce la fermeture de la base aérienne de Varennes-sur-Allier (03), supprimant près de 200 emplois dans une commune déjà durement touchée par la désindustrialisation. En effet, il y a une vingtaine d’années de cela, Varennes faisait figure de petite « capitale » du meuble. Son plus beau fleuron s’appelait Moreux. L’usine comptait alors plusieurs centaines d’ouvriers, jusqu’à plus de 600 au plus fort de son développement. Autour de ce site, l’industrie du meuble essaimait partout dans la région : Saint-Pourçain-sur-Sioule, Châteldon, Puy-Guillaume, tant de petites unités s’appuyant sur un tissu de fournisseurs, d’acheteurs et de transporteurs locaux.

De Moreux ne subsiste aujourd’hui qu’une friche ‘avantageusement’ transformée en zone commerciale et faisant le bonheur des enseignes de la grande distribution.

Que nous dit ce rapprochement entre Moreux et IKEA ?

[A suivre…]

* In La Success story d’IKEA, une vision de la croissance, Anders Dahlvig, ancien Pdg du groupe IKEA.