Avis d’EELV Puy-de-Dôme sur le projet de parc solaire photovoltaïque au sol sur la commune de Nohanent
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Europe Ecologie les Verts Puy-de-Dôme souhaite apporter son soutien au projet de centrale photovoltaïque de Nohanent. Bien qu’imparfait, ce projet ne contient pas d’obstacles majeurs à sa réalisation et contribue à répondre aux grands enjeux en matière de production d’énergie renouvelable et d’indépendance énergétique.  

En préambule, nous souhaitons rappeler que la France va devoir répondre à ses besoins immédiats en électricité. Pour cela, seul un déploiement rapide des énergies renouvelables peut répondre à court terme à ces enjeux (à défaut du nucléaire).  

Un projet qui participe à l’atteinte des objectifs du Schéma de transition Écologique et Énergétique de Clermont Auvergne Métropole (STEE) 

Clermont Auvergne Métropole a adopté son Schéma de Transition Énergétique et Écologique (STEE) en 2018. Parmi ses objectifs – outre une réduction drastique de notre consommation, que ce soit par la rénovation thermique des bâtiments, le report modal ou l’écoconception – celui de doter le territoire d’une production énergétique sur notre territoire pour répondre aux enjeux d’autonomie et de résilience énergétiques. 

Dans le bouquet énergétique du territoire clermontois, l’électricité photovoltaïque constitue le premier potentiel, avec à horizon 2050, une capacité de production estimée à 1 150 Gwh/an (sur une production globale de quelque 3000 Gwh/an).  

D’ici là et pour atteindre ces objectifs, il nous faudra être capable d’installer chaque année des capacités supplémentaires d’environ 25 à 30 Gwh. Avec une production énergétique estimée à 13,5 Gwh, ce projet de centrale sur la carrière des Côtes contribuerait notablement à notre action en faveur du développement des énergies renouvelables sur notre territoire. 

Jamais au détriment des sols agricoles 

Le gisement photovoltaïque clermontois repose principalement sur les toitures mais ce potentiel sera long à être valorisé car plus complexe (état de la toiture, capacité de la toiture à supporter les panneaux, gestion de la toiture par des copropriétaires, secteurs patrimoniaux, ombrage des bâtiments voisins…). De ce fait, les parkings, les surfaces économiques et les centrales au sol sont particulièrement intéressantes en termes de vitesse de déploiement et de capacité de production. Il est donc nécessaire de permettre l’installation de centrales sur des friches et terrains délaissés propices à un usage photovoltaïque, tel que le mentionne l’une des fiches actions du STEE et ce, en évitant au maximum la consommation de terres agricoles utiles à notre autonomie alimentaire ou de zones naturelles favorables au maintien de la biodiversité (voir plus loin). 

Rappelons qu’au regard de ses engagements européens, la France est très en retard sur le déploiement des énergies renouvelables sur son territoire. Selon le directeur de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), le suivi de la feuille de route sur le déploiement des énergies renouvelables telle que prévue il y a deux ans, nous aurait permis d’éviter la crise de l’approvisionnement électrique à laquelle nous faisons face aujourd’hui.  

Un impact maîtrisé sur la biodiversité et les sols 

Bien que le projet de centrale soit situé sur un vaste espace naturel, le massif des Côtes, le terrain joue un rôle local et limité dans le maintien de la biodiversité en raison de son anthropisation (ancienne carrière) et de l’impact de l’activité humaine (décharge, motocross…), il conserve une fonctionnalité de corridor écologique. Pour préserver cette fonctionnalité, le porteur de projet a réduit l’emprise foncière de la centrale. Il sera cependant nécessaire de rester très vigilant sur le maintien des fonctionnalités écologiques du secteur concerné, notamment quant au maintien de la population d’amphibiens durant la phase de travaux et d’exploitation de la centrale. 

Précisions que l’installation de la centrale photovoltaïque ne concerne que 10,5 ha dont 5 ha de panneaux photovoltaïques. Le massif des Côtes s’étend sur près de 1 400 ha, ce projet représente donc moins de 1% de l’espace. 

Il est important de souligner que ce projet n’aura qu’un impact que très limité sur l’artificialisation des sols. En effet, hormis la construction de locaux techniques sur 60 m², les panneaux seront fixés au sol à l’aide de pieux simplement enfoncés et non de fondations bétonnées. 

Une modification marginale du paysage exceptée aux abords du site du projet 

Sur l’aspect paysager, il est à noter que le projet ne se situe pas sur la zone tampon du périmètre UNESCO de la chaîne des Puys – faille de Limagne. La situation du site dans un creux du plateau, sur un replat adossé aux Côtes de Clermont, ainsi que la présence des boisements sur les accotements entourant le site, limitent le champ visuel et n’offrent pas de visibilité sur l’aire d’étude ni dans les vues éloignées ni dans les vues de proximité immédiate (GR300, oppidum, belvédère…). Pour le cas du sommet du Puy-de-Dôme, le rapport d’échelle et l’éloignement de l’aire d’étude laissent à penser que si le paysage est affecté par la centrale, il ne l’est que de manière très limitée. Par ailleurs, le massif des Côtes est malheureusement déjà marqué par l’activité humaine tels que l’antenne téléphonique et des lignes électriques, ça n’empêche pas les usagers du site d’en profiter, et ça n’a pas empêché le classement de la chaîne des Puys-Faille de Limagne au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

De manière générale, le site encaissé reste sous la ligne d’horizon de la plupart des points de vue. Et ce projet ne vient en définitive proposer qu’une nouvelle forme d’impact sur le paysage, prenant la suite de l’activité industrielle d’extraction.  

Cependant, nous regrettons que le projet ne prenne pas en compte l’ensemble de la zone de la carrière afin d’améliorer son intégration paysagère en proposant une renaturation des abords par la plantation d’arbustes et d’arbres, là où c’est possible. 

Un projet qui respecte les documents d’urbanisme mais n’exploite pas tout le potentiel du lieu 

Par le biais de son PLU (Plan Local d’Urbanisme) approuvé en 2007, la commune de Nohanent a classé cette zone spécifiquement pour le déploiement d’un projet de photovoltaïque (Zone AUs), zonage qui n’a pas évolué depuis. Le SCoT du Grand Clermont identifie le massif des Côtes comme un potentiel d’offre touristique supplémentaire. A ce titre, il nous apparaîtrait pertinent de donner au projet une triple fonction : pédagogique, touristique et écologique. Le site peut permettre de sensibiliser aux enjeux des énergies renouvelables tout en mentionnant l’histoire de l’activité du site (de la préhistoire à l’histoire contemporaine, de son activité d’extraction de matériaux à l’activité de production d’énergie) et de sa biodiversité. 

Une implication citoyenne trop limitée  

Le point qui nous paraît le moins abouti sur ce projet est celui de l’implication des collectivités et plus globalement des citoyen.ne.s. Notre mouvement prône l’existence d’un réseau décentralisé de petits producteurs locaux d’électricité issus de sources d’énergie renouvelable, sous une forme coopérative ou d’économie mixte et d’une politique locale de sobriété énergétique. 

A ce titre, l’association des citoyen.ne.s par le seul biais du financement participatif nous semble limité. C’est une première étape qui aurait pu conduire à la mise en place d’une SEM (Société d’Économie Mixte) voire d’une coopérative au lieu d’une simple SARL. 

Même si les écologistes auraient pu souhaiter qu’un tel projet soit plus ou moins contrôlé par la Métropole afin de drainer un maximum de retombées pour le territoire, force est de constater que celui-ci s’est développé avant que la Métropole n’acquière le foncier et avant qu’elle ne développe une stratégie énergétique déterminée. 

*** 

CONCLUSION : Chaque projet d’installation d’énergie renouvelables comporte son lot d’externalités positives et négatives. Mais si nous souhaitons tendre vers l’autonomie énergétique de notre territoire, développer les énergies renouvelables, nous ne pouvons pas faire l’économie d’assumer certaines de ces externalités. D’autant que celles résultant de ce projet de centrale solaire au sol sur le site de l’ancienne carrière de Nohanent semblent des plus limitées sur les principaux enjeux que nous venons de mentionner. Et rappelons aussi que notre électricité repose aujourd’hui fortement sur le nucléaire, un système de production générant des déchets dangereux sur le long terme et nous laissant dépendant de l’étranger pour son combustible (l’uranium) dont l’extraction et le raffinage ont aussi de très importants impacts sur l’environnement. Les territoires impactés par le cycle de vie de l’industrie nucléaire subissent des nuisances autrement plus importantes, y compris paysagères, que le nôtre si nous accueillons ce projet de centrale photovoltaïque. Nous avons donc la responsabilité de davantage prendre notre part dans la production de l’énergie dont nous avons besoin, y compris dans les nuisances afférentes. 

Au regard de l’ensemble de ces éléments, Europe Écologie les Verts Puy-de-Dôme estime que ce projet de centrale comporte beaucoup plus d’intérêts que d’inconvénients et qu’il est donc souhaitable qu’il puisse voir le jour sur le territoire de notre Métropole.