[TE] 2008 : une double crise, une opportunité
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Sans diagnostic précis et partagé, point de remède. Et si le coeur de la crise actuelle est énergétique – comme nous l’avons souligné ici – , il convient de préciser la chose en remontant aux origines conjoncturelles du krach de l’automne 2008. Solde de trois décennies de croissance à crédit, la crise financière de 2008 est aussi la première crise écologique depuis 1848 et les débuts de l’économie industrialisée : elle est le produit d’une double raréfaction des ressources naturelles : les ressources énergétiques et agricoles.

Aussi la crise économique et financière de 2008 trouve-t-elle ses origines dans deux autres crises jumelles :

  • la crise climat – énergie (+air)
  • la crise agriculture – alimentation – santé

En effet, la crise dite des subprimes éclate lorsque la pyramide des crédits hypothécaires américains s’effondre ; lorsque les ménages modestes américains se retrouvent dans l’impossibilité de rembourser leurs mensualités et qu’ils remettent leurs propriétés sur le marché en provoquant un effondrement des valeurs immobilières, puis des actifs et des titres indexés sur ces valeurs.

La cause de cette soudaine insolvabilité des ménages américains ?

La montée des prix de l’énergie et notamment du carburant ; ainsi que les tensions sur les prix des produits agricoles et donc de l’alimentation. Faisant le choix de la mobilité et de l’alimentation plutôt que celui de l’accession à la propriété, les classes populaires américaines provoquent l’effondrement de la bulle immobilière, avec les conséquences en chaîne que l’on connaît.

Or la hausse des prix de l’énergie est liée :

– à la hausse de la demande mondiale (notamment du côté des pays émergents)

– comme aux limites du stock mondial : pour donner une image, on estime que le stock de réserves mondiales disponibles de pétrole correspondrait à un cube de 5km de côté auxquels s’alimenteraient en permanence quelque 800 000 véhicules !!

 

La hausse des prix des produits agricoles est due, quant à elle, à la conjonction de multiples facteurs. Retenons notamment :

– les sécheresses qui affectent les principales zones céréalières en 2007 (crise climatique)

– la concurrence sur l’utilisation des sols entre cultures vivrières et agrocarburants depuis le début des années 2000 (crise énergétique)

– l’impact énergétique et climatique global du modèle alimentaire et agricole mondial : production d’intrants de synthèse, conditionnement, transport, production de déchets… (crise énergie- climat)

– la spéculation financière sur les produits agricoles.

 

Une crise et des opportunités

 

Si la crise agricole ne se résume pas à la crise énergétique, elle en constitue une part significative. Ce cumul des effets de chaque crise dessine en réalité une crise plus globale d’exploitation des ressources et de production de biens et de création de richesse, bref à la crise d’un modèle de développement économique.

Mais si une crise offre aussi l’opportunité d’inventer du neuf, elle donne les moyens de saisir l’ancien sous le jour de ses grands principes. Principes qui, une fois identifiés, délivrent les clefs de la transition vers un autre modèle. Et font de la crise actuelle, une vraie chance pour le changement.

 

[ A suivre…]