La loi passe au « Zéro Phyto »
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A l’initiative des écologistes, le Parlement a adopté définitivement une proposition de loi interdisant les pesticides à partir de 2020 dans les espaces verts publics et à compter de 2022 dans les jardins particuliers.

Mesure attendue en relais aux initiatives prises par des nombreuses communes et collectivités – dont Clermont-Ferrand et Clermont Communauté -, elle aura plus valeur de symbole et d’exemple que de mesure effective sur le plan de la santé publique. En effet, ces dernières dispositions législatives ne concernent pas l’agriculture où sont étendus 90% des pesticides. En outre, des exceptions sont prévues pour tout ce qui a trait aux grandes infrastructures de transport : voies ferrées, aéroports et autoroutes.

La France reste le premier consommateur de pesticides en Europe, malgré le plan Ecophyto lancé en 2008 qui prévoit d’en réduire l’usage de 50% d’ici 2018. Près de 40% des communes sont déjà engagées dans des chartes « zéro phyto ».


Le délai de six années doit permettre à l’Etat, aux collectivités locales et aux établissements publics de s’adapter et de trouver, ce qui est loin d’être facile, de nouvelles méthodes de travail acceptées par la population et les agents.

Lee long combat du Zéro Phyto

Cette interdiction est motivée par des raisons de santé publique et la protection de l’environnement. Seront exemptées les voies ferrées, pistes d’aéroport et autoroutes. Les pesticides pourront toujours être utilisés en cas d’urgence sanitaire.

Par ailleurs, à compter du 1er janvier 2022, pour laisser le temps aux industriels de s’adapter, la commercialisation et la détention de pesticides à usage non professionnel seront interdites. Cette disposition vise les 45% de Français jardiniers amateurs.

Ces mesures drastiques font suite à une série d’études qui ont démontré l’impact sanitaire de l’utilisation des pesticides ainsi que leur persistance dans les sols et rivières jusqu’à plusieurs années.

Près de 1.000 substances actives ont été mises sur le marché, depuis les années 50 à travers près de 100 familles chimiques de pesticides et près de 10.000 formulations commerciales. De ce fait, les pesticides sont aujourd’hui omniprésents dans l’environnement (air, eau, sol, chaîne alimentaire…).

Selon une étude réalisée récemment, trois Français sur 10, habitants en ville et n’ayant pas manipulé de pesticides présenteraient pourtant des traces de glyphosate (un principe actif) dans leurs urines. Or une étude de l’Inserm de 2013 a confirmé le lien entre exposition et pathologies cancéreuses, maladies neurologiques et troubles de la reproduction même lors d’une exposition à faible intensité (effet cocktail).