Clermont : le long combat du ‘Zéro phyto’
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Alors que la problématique des risques et des coûts sanitaires liés à l’environnement commence à émerger, certains élus de l’agglomération clermontoise restent dans le déni en invoquant le coût financier et la pénibilité accrue des mesures alternatives à l’emploi de produits phystosanitaires.

Décidément le maire de Cournon a le Vert qui lui sort par les yeux. Après sa ‘dérapante’ déclaration d’amour à ses amis Verts «  de gris » lors du dernier Conseil communautaire de Clermont Communauté, il déclarait récemment la guerre à ces mauvaises herbes vertes qu’il voudrait bien jaunir à grands coups de produits phytosanitaires. La fin des désherbants est « un vrai retour en arrière » en ce qui concerne les conditions de travail, notait-il [La Montagne, septembre 2013]. On ne peut pas lui donner complètement tort. Le retour au désherbage manuel est une contrainte lourde pour un personnel habitué à l’emploi de produits chimiques. Contrainte à laquelle ont à faire face tous les services des villes se sentant concernées par la réduction de l’émission de molécules nocives dans les nappes phréatiques.

Si plus de 90% des produits en question sont utilisés dans l’agriculture, le reste se partage entre les usages collectifs comme les voies ferrées, les voiries, les parcs publics et les jardiniers amateurs. Sur l’agglomération clermontoise, la pollution des eaux de surfaces par ces substances chimiques provient pour une large part des zones urbaines. Aussi le pouvoir des communes dans une amélioration de l’état des eaux a-t-il un double impact déterminant :

– sur la qualité chimique des eaux communautaires (sur l’eau de consommation ainsi que sur les cultures)

– sur la prise de conscience des citoyens : l’action municipale dans ce domaine a une valeur d’exemplarité.

Depuis quelques années, nombre de municipalités ont adopté un objectif « Zéro phyto». Clermont-Ferrand, notamment, ainsi que les communes de Clermont Communauté, qui se sont lancées dans une politique de réduction de l’usage de produits phytosanitaires dans le cadre de la Charte d’entretien des espaces publics, une démarche initiée par l’organisme public Phyt’Eauvergne et financée par les agences de l’eau (Loire- Bretagne), le Conseil régional et la communauté d’agglomération.

La charte Phyt’Eauvergne comprend trois niveaux permettant une adaptation, une formation et un accompagnement des populations et des services municipaux concernés dans leur transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Le non -recours aux produit chimiques passe par :

  • une autre approche du paysage urbain… Faut-il vraiment désherber tous les espaces urbains ? Pourquoi ne pas laisser l’herbe se développer entre les pavés, les pissenlits sur certaines pelouses…Or les mentalités évoluent : 91 % des personnes interrogées se disent prêtes à accepter la végétation sauvage dans l’espace urbain. [Source : consultation du public sur l’eau et les milieux aquatiques sur le bassin Rhône-Méditerranée – 2008].

De nombreuses villes et villages partagent déjà cette démarche éco-citoyenne : à Lyon, Dijon, Grenoble, Fenay en Côte d’Or, ou encore à Murviel-les-Béziers dans l’Hérault… la végétation spontanée est tolérée.

  • des solutions préventives faciles à mettre en œuvre :

– Penser autrement la conception des aménagements

– Privilégier le paillage et opter pour des plantes couvre-sol. En occultant la lumière, elles ne laisseront pas germer les graines des plantes spontanées présentes dans le sol.

– Mener une réflexion sur les annuelles pour privilégier des espèces naturelles et faciles d’entretien avec un aspect plus champêtre.

– Favoriser la diversité des essences végétales afin de rétablir un équilibre biologique et ainsi favoriser le développement de la faune auxiliaire…

  • Des solutions curatives alternatives au désherbage chimique : désherbage mécanique, thermique, manuel…

 

La transition vers des pratiques d’entretien plus respectueuses de l’environnement est parfois longue et délicate à mettre en œuvre ; elle implique des changements d’habitude et d’approches. La réduire à son seul coût immédiat – en termes de pratiques et d’heures de travail – c’est faire abstraction du coût sanitaire global du statu quo. Et faire de l’immobilisme la marque du «vrai retour en arrière ».