Changer la ville à Clermont-Ferrand
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Le Carré Jaude II marque la fin d’une époque pour Clermont-Ferrand. Mais s’il faut changer la ville aujourd’hui,  quels principes et quels axes d’action retenir ? Le projet urbain écologiste pour le Clermont de demain devra combiner plusieurs dimensions : densifier – fluidifier – aérer– ouvrir – relier.

Aérer la ville : l’urgence est certes de densifier la ville pour lutter contre l’étalement urbain et la consommation des terres agricoles. Mais densifier n‘est pas bétonner. L’aération de l’espace urbain est une nécessité humaine et écologique. Elle consiste notamment à :

arborer : la protection de tous les arbres clermontois doit être une priorité, qu’il s’agisse d’arbres classés, des arbres protégés dans les espaces verts ou d’arbres « sauvages » sur des emprises diverses. La municipalité devrait notamment prendre la responsabilité de la gestion des emprises SNCF traversant la ville de Clermont-Ferrand.

construire la ville dans le respect de ses paysages, de ses lignes d’horizon naturelles afin de faire émerger des espaces publics autres que ces seuls espaces de transit et de commerce ;

aérer l’hyper-centre avec la reconquête de l’Hôtel-Dieu et l’ouverture d’un véritable poumon vert tendu entre les Universités et la place de Jaude ;

déconcentrer la ville et créer d’autres centres urbains en dynamisant les quartiers résidentiels, requalifiant les anciennes zones industrielles et/ou commerciales, en cultivant leurs liens

  •  à l’hyper-centre urbain
  • aux marges naturelles et agricoles (les Côtes de Clermont, les Gravanches…);

 

Relier la ville à la nature, à ses « cœurs de nature », ses zones naturelles sensibles et exceptionnelles, véritables réservoirs de biodiversité – les Côtes, les Volcans, le Val d’Allier.

  • Soigner les franges ou marges urbaines, aujourd’hui bétonnées, négligées, abandonnées à la brutalité des coupures instaurées par les infrastructures (auto)routières : marqueurs de son rapport au territoire, les lisières de la ville doivent être les voies de respiration entre l’urbain et son environnement proche, géographique et naturel.

Exemple : dans l’optique de la reconstitution des trames vertes et bleues dans l’espace urbain clermontois, il nous faut chercher à tracer des corridors biologiques dans le tissu de la ville ; corridors pensés comme liens entre les cœurs de nature. De tels corridors peuvent prendre diverses formes : trottoirs végétalisés, voies vertes, aménagement de cours d’eau, de bassins d’orage, toits végétalisés, implantations de jardins (collectifs, partagés, familiaux) à proximité des écoles notamment, implantations agricoles urbaines…

  • Réconcilier l’urbain avec la terre et l’agriculture, en cultivant en ville ou en périphérie immédiate, pour une consommation locale et de qualité. L’enjeu est ici de se réapproprier l’alimentation et la culture via des circuits courts, en espace et en temps. Sans doute faudra-t-il ici repenser les liens entre mobilités et alimentation / approvisionnement : gain de temps et qualité de l’alimentation sont-ils condamnés au phénomène de fleurissement généralisé des ‘drive’ en périphérie de nos villes ? A nous d’imaginer les ‘walk’ de demain.

 

Fluidifier la ville, en la sortant de l’hypertrophie automobile.

Faciliter l’éclosion et la multiplication des mobilités douces et partagées. La congestion automobile et les pertes de temps qu’elle induit provoquent une course effrénée au gain de temps et à l’accélération permanente des rythmes quotidiens.

Dans la ville automobile, le principe est de gagner du temps pour en avoir trop perdu. Dans la ville fluide, il est de prendre son temps pour en gagner : il s’agit donc d’enrichir les mobilités (ne plus en faire un temps mort), de redonner de la qualité au temps de vie ; une qualité nécessaire à l’apprentissage comme au partage et aux solidarités.

Exemple : le « pédibus » scolaire en ville représente un

  • gain de temps pour les parents
  • un gain en émission polluantes et carbonées
  • un gain en convivialité pour les enfants
  • un gain en lien intergénérationnel lorsque le pédibus est « conduit » par des adultes en retraite du quartier concerné.

Le « vélobus » pourrait constituer un autre exemple de mobilité douce et partagée.

***

 Fluidifier la ville, retrouver du temps et de la respiration, urbaine et citoyenne, tels pourraient être les objectifs structurants d’un projet urbain écologiste pour Clermont-Ferrand.

A suivre…