Bois-énergie : la transition écologique avance au nord de Clermont
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Sous l’aiguillon des élus écologistes, transition énergétique et chaleur durable sont en route à Clermont-Ferrand. Les chaudières de la future chaufferie biomasse des quartiers nord de Clermont-Ferrand ont été livrées la semaine dernière.

Ce chantier devrait s’achever d’ici quelques mois pour une mise en service en octobre prochain. La réalisation de ce projet marquera l’aboutissement d’un engagement de long terme des élus écologistes à la mairie de Clermont-Ferrand en faveur de cet outil comme du développement d’une politique locale et durable de l’énergie.

Ce chantier des quartiers nord de Clermont-Ferrand comprend deux aspects intégrés : une chaufferie bois et un réseau de chaleur.

 

1- Une chaufferie biomasse ou bois-énergie.

L’emploi de cette énergie renouvelable qu’est le bois présente trois avantages principaux :

  • L’efficacité énergétique : le bois délivre de 6 à 15 fois plus d’énergie utile qu’il n’en a fallu pour le conditionner et le transporter. Par comparaison, l’efficacité des énergies fossiles est toujours inférieure à 1 et varie de 0,8 pour le gaz à 0,3 pour l’électricité.

 

  • L’efficacité climatique : malgré nombre d’idées reçues, le bois est une ressource renouvelable lorsqu’il est prélevé dans des forêts gérées écologiquement, c’est-à-dire dans le respect des cycles naturels de croissance de la biomasse. En France, la forêt gagne du terrain, notamment dans les massifs montagneux et seuls 60 % de l’accroissement naturel sont prélevés chaque année.

Par ailleurs, les émissions de carbone dues à la combustion du bois sont équivalentes à l’absorption de carbone nécessaire à la production de ce même bois : le bilan carbone du bois énergie est donc égal à zéro. Il produit de 8 à 24 kg de CO2 par MW/h utile (contre 240 au gaz et 490 au fioul), essentiellement dus au débit de bois forestier ainsi qu’à son acheminement jusqu’à la chaufferie.

Il est donc pertinent de penser cette filière comme une filière locale.

  •  Localisation de la ressource : La totalité de la ressource bois-énergie mobilisable à court et moyen termes sur le département du Puy-de-Dôme représente quelque 220 000 tonnes de bois, soit 45 000 tep (tonne équivalent pétrole). Ce potentiel permettrait de subvenir aux besoins énergétiques de 40 000 équivalent logements. Cette localisation de la ressource permet aussi de pérenniser l’approvisionnement, à la grande différence du pétrole, du gaz et de l’uranium.

La recherche de circuits courts et locaux vise enfin à relocaliser l’énergie, l’économie et l’emploi : outre la production de bois, les chaudières bois de la future chaufferie ont été conçues et construites à Arlanc.

 

 

Chaudières2- Un réseau de chaleur urbain sur les quartiers de Croix-de-Neyrat, Champratel et Les Vergnes.

Les avantages du réseau collectif sont multiples :

  •  Une gestion plus légère pour l’abonné : l’abonné n’a plus à se soucier ni de l’approvisionnement, ni d’une chaudière individuelle. Par ailleurs, le raccordement au réseau ne nécessite qu’un local de raccordement, bien moins encombrant qu’une chaudière collective.

 

  • Pollution : le bois-énergie est réputé à tort comme une énergie polluante. D’après l’ADEME (étude de 2006), la pollution atmosphérique liée au bois énergie est à 95% due au secteur domestique et à ses appareils anciens à très faible rendement, qui émettent des goudrons, acides, poussières, hydrocarbures et oxyde de carbone, à cause de combustions réalisées dans de mauvaises conditions (bois humide, mauvais coefficients thermiques, foyers ouverts, vieux inserts…). Les installations collectives, quant à elles, sont soumises à des conditions drastiques en la matière.

 

  • Coût : les économies d’échelle réalisées par la taille et la gestion industrielle des sites de production de chaleur ainsi que la limitation des pertes en ligne du fait de la proximité du réseau (à la différence du gaz ou de l’électricité) permettent une diminution des coûts estimée à environ 10%. Par ailleurs, le coût de la chaleur bois reste stable et n’est pas dépendant des fluctuations du cours du pétrole.

 

Il est évident que la mise en place d’un tel réseau serait idéalement complété par une politique convergente de soutien à l’isolation des logements anciens : cette politique est notamment menée par Clermont Communauté sous l’impulsion des élus écologistes.

A terme, les écologistes conçoivent cette convergence des politiques énergétiques locales – maîtrise des consommations, efficacité énergétique et climatique de la production énergétique, énergies renouvelables et locales – comme l’émergence d’un véritable service public de l’énergie à l’échelle du bassin de vie, en l’occurrence de l’agglomération clermontoise.

Et c’est ici que la transition énergétique appelle la transition politique. Ou vice versa…

 

 

Réseau de chaleur bois – Quartiers nord
Les chiffres

Coût global : 16 millions d’euros
ADEME : 3,6 millions
FEDER : 2,6 millions
Conseil régional d’Auvergne : 400 000 euros
Conseil général du Puy-de-Dôme : 400 000 euros