Trois singes et un budget
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Clermont Auvergne Métropole – Le groupe écologiste a voté le budget primitif 2021 de Clermont Auvergne Métropole avec la volonté à la fois d’assurer et d’assumer la continuité métropolitaine dans une période de grande incertitude.

Il n’en demeure pas moins que ce vote ne nous exonère en rien du travail capital de clarification qui nous attend dès aujourd’hui sur les priorités et les orientations politiques de notre Métropole. Pour les élu.e.s écologistes, il est clair que notre collectivité est à un tournant de son histoire récente. C’est ce qu’ont laissé entendre les trois débats qui auront précédé le vote de ce budget primitif ; en plus d’une impression particulièrement tenace, celle de revivre l’histoire des trois petits singes de la sagesse.

Une crise aux impacts surmontables 

Dans cette histoire, il est d’abord le singe qui se cache les yeux de ses mains pour ne pas voir que si la crise sanitaire est grave, elle n’a qu’une incidence certaine mais relative sur notre exercice budgétaire. Pour l’année 2021, les dépenses de fonctionnement (hors dépenses de personnel qui, elles, restent en croissance) reviennent à un niveau d’avant-crise, soit environ 36 millions d’euros, un effort certes réel mais encore raisonnable. Quant à la perte de recettes, notamment fiscales, elle est avérée mais presque deux fois moins importante que celle que nous avons connue successivement en 2015 et 2016 lors des coupes drastiques de dotations d’État; et surtout elle est réversible dans les mois et les années qui viennent en fonction de la reprise de l’économie. Plus que les effets de la crise, ce sont ceux de la vitrification de nos ressources futures qui nous inquiètent : en effet, l’État substitue des compensations figées à des ressources fiscales dynamiques, ce qui, à terme, pèsera tant sur nos recettes que sur notre autonomie financière et politique.

D’ailleurs, la crise actuelle n’a pour l’instant pas d’impact aggravé dans la grande majorité des métropoles (et des intercommunalités) françaises, en tout cas pas pour celles dont les fondamentaux financiers étaient sains avant la crise due à la COVID–19. Ce qui n’était pas tout à fait notre cas, reconnaissons-le. 

Une crise qui révèle nos fragilités

Il est donc aussi le singe qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre que les raisons de la situation actuelle sont beaucoup plus structurelles que conjoncturelles, en cela que notre Métropole est beaucoup plus sensible au choc de la crise que le sont d’autres collectivités.

Nous avons hérité de déséquilibres financiers anciens – et moins anciens – de notre collectivité. Sans reprise anticipée de l’excédent de fonctionnement 2020 (plus de 10 millions d’euros), nous nous serions retrouvés avec un niveau d’épargne historiquement faible (autour de 2 millions d’euros pour des recettes de fonctionnement de plus de 200 millions).

Cette opération nous permet de franchir le cap mais nous ne pourrons pas la répéter trop souvent : c’est pourquoi il y a urgence à poser la question de la levée et de la redistribution de l’impôt et des ressources disponibles dans les communes et à la Métropole, notamment autour de la question du pacte fiscal et financier. Ce débat fiscal et financier constitue à nos yeux une priorité absolue avant toute proposition d’augmentation de la fiscalité ou de baisse arbitraire des subventions aux associations et entreprises : il devra être conduit très en amont et dans la plus grande transparence démocratique, tant à nos yeux, il ne peut être de politique d’investissement durable sans état des ressources disponibles ni proposition durable et transparente de répartition de ses ressources entre redistribution (territoriale & sociale) et investissements.

Une crise qui appelle à un sursaut

Et puis il est le dernier petit singe, celui qui s’obstrue la bouche pour taire l’importance des choix qui nous attendent. Face à la crise actuelle, aux défaillances d’un État qui, par ailleurs, recentralise à tout-va, face aux défis inédits de la transition écologique, les écologistes ont depuis longtemps fait le choix d’un outil métropolitain : il nous faut aujourd’hui en assumer collectivement toute l’ambition et c’est le défi de la prochaine Programmation pluriannuelle des investissements (PPI), de ses orientations et des moyens dont nous allons doter nos politiques. 
A nos yeux, la prochaine PPI métropolitaine doit conjuguer clarté et ambition : ambition dans le chemin de transition écologique et sociale qu’elle doit ouvrir ; et clarté dans les politiques qu’elle doit afficher et prioriser pour ce faire.
Et cette prochaine programmation de nos investissements, nous l’imaginons structurée en quelques grandes enveloppes thématiques de transition

En plus de l’Urbanisme et de l’aménagement d’une part, de la Mobilité et des voiries d’autre part, il nous semble pertinent de la construire en plusieurs grands blocs cohérents : 

  • Un bloc habitat et solidarités fondé sur les principes de l’équilibre social du logement et du logement d’abord, et consacrant comme objectif transversal la pérennisation et le développement du Service Public de l’Efficacité Énergétique
  • Deux blocs « biens communs & environnement » ensuite, l’un portant sur l’énergie bien sûr, au coeur de la transition écologique et économique de notre territoire ; l’autre sur l’alimentation, l’agriculture, la forêt et la biodiversité ensuite, fondant une partie importante de la relocalisation de notre économie comme du respect des sols et de la ressource en eau, au coeur de la résilience climatique de notre métropole. 
  • Et puis un bloc voué au développement et à la résilience économique locale, en charge de coordonner l’action des collectivités locales, de l’Université, de la société civile et des acteurs économiques du territoire. 
  • Enfin, last but not least, nous pensons nécessaire la création d’une enveloppe d’investissements territorialisés pour des fonds de concours ciblés, destinés aux communes : et cette enveloppe, nous en définirions le volume en amont du mandat et de la négociation à venir sur notre pacte fiscal et financier.

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La conviction du groupe écologiste est que notre métropole n’a sans doute pas connu de moment plus déterminant pour son avenir depuis la création de Clermont Communauté au début des années 2000. Il nous appartient donc désormais d’être à la hauteur des défis qui sont devant nous, tant dans la qualité des débats que dans la clarté et la pertinence de nos choix et propositions. C’est la raison pour laquelle nous devons absolument avoir un débat de fond sur ce pacte de gouvernance métropolitain qu’est le pacte fiscal et financier de Clermont Auvergne Métropole.