[TE] Energie : s’appuyer sur la vie des territoires
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Décentralisation de la production d’énergie, subsidiarité énergétique, hiérarchisation des besoins… Penser en termes de bassins de vie, c’est parler d’espace, de territoire fini et vivant. C’est passer d’une logique de performance technique et économique basée sur la conquête de marchés et de bénéfices, à une logique de résilience basée sur la durabilité, l’adaptabilité à des conditions variables, voire à des chocs externes.
La résilience d’un écosystème s’appuie sur une capacité fondamentale, la reconnaissance; et donc

de l’information (permettant l’anticipation)
et du lien (permettant l’adaptation).

Il en va de même pour un territoire pensé comme un bassin de vie. Ainsi, le développement résilient et durable, autonome et prospère, d’un bassin de vie se fonde sur deux dimensions :

  • celle de la connaissance de son métabolisme territorial (information)
  • celle de la densification des liens économiques (entre autres) internes à ce territoire (adaptation)

 

Métabolisme et ressources territoriales
En connaissant son métabolisme, un territoire est en mesure d’optimiser les potentiels locaux et de réduire l’impact des activités humaines sur l’écosystème. Grâce à l’inventaire des ressources, des consommations et des déchets, une autorité locale peut se réapproprier la connaissance du métabolisme énergétique de son territoire. Et construire sur cette base, de véritables politiques énergétiques territoriales.
Au-delà des seuls flux énergétiques, le métabolisme territorial concerne également les flux d’eau et de matière.
En 2002, le canton de Genève a diligenté une étude de son métabolisme territorial  à partir de laquelle des actions ont été lancées en direction d’une réduction des flux de matière entrants. Ont ainsi été promues :
– des possibilités de ‘symbiose industrielle’ (ou écologie industrielle, voir ci-dessous)
– le recyclage des matériaux de construction
– la recherche d’une utilisation plus durable du cuivre, du bois et du phosphore

 

Au-delà des seuls flux, l’étude du métabolisme d’un territoire impose d’en identifier les ressources locales et notamment les potentiels énergétiques.
Le principe aujourd’hui généralisé du « plug and play » nous a habitués à une utilisation débridée de ressources abondantes dont on n’interroge pas la provenance. Il a rompu le lien entre énergie et territoire. Or renouer ce lien, c’est aussi renouer le lien entre habitants et ressources, et par là, réactiver un principe de responsabilité territoriale ainsi qu’une logique d’utilisation durable des ressources.

Si les ressources apparemment abondantes et infinies du système de plug and play n’ont plus aucun lien avec le territoire habité (hydrocarbures, nucléaire…), la transition énergétique nous impose de redécouvrir les énergies cachées de nos territoires : biomasse, géothermie, éolien, solaire…
A Herlen, ancienne cité minière aux Pays-Bas ( 91 000 habitants), la municipalité a mis en service une centrale géothermique exploitant la chaleur stockée dans l’eau des puits de la mine ( 35°) aujourd’hui fermée. Aujourd’hui, 400 nouvelles maisons et quelque 130 000 m2 bénéficient de ce système de chauffage innovant.

La connaissance du métabolisme d’un territoire permet donc :

– la valorisation des ressources de proximité
– la préservation des ressources disponibles
– le développement d’une économie circulaire en circuits courts
– l’exploitation durable de gisements d’emplois locaux.

Des études de ce métabolisme sont donc les préalables à une action locale significative pour la transition écologique et énergétique.

[A suivre…]