Sobriété : à consommer sans modération
Partager

Face à l’actuelle flambée des prix mais aussi à l’aggravation des crises écologiques, la notion de sobriété fait une entrée timide dans le débat politique. Si la sobriété évoque le « retour à la bougie », si elle inquiète et fait l’objet d’un déni manifeste, n’est-elle pas aussi et surtout une vertu antique largement évacuée par la surconsommation des 50 dernières années ? 

D’ailleurs, le débat franco-français sur la transition énergétique s’en ressent, qui n’a jamais porté sur bien autre chose que sur la seule production… d’électricité nucléaire ? Quand il aurait fallu commencer par interroger nos usages et nos besoins fondamentaux pour prendre la mesure de l’utile et du superflu.

Mais tous les aspects de la crise écologique – biodiversité, climat, agriculture… – posent la question cruciale de la disponibilité et de l’accès aux ressources vitales telles que l’eau, les sols et l’énergie. Or dans un monde où les moyens de vivre se raréfient drastiquement, la croissance maintenue de leur usage pour des raisons de profit économique n’a qu’une seule signification : plus de ressources pour certains et donc moins pour les autres. Cette équation très simple nous dit encore autre chose : sans sobriété collectivement décidée et assumée, nous courons tout droit à une explosion sans précédent des inégalités sociales.

Aussi la sobriété n’est-elle pas une privation mais l’opportunité de proposer un autre partage des ressources vitales ; elle suppose donc un nouvel imaginaire de liberté et d’émancipation. Ce qui nous rappelle que l’écologie est intrinsèquement radicale et sociale ; ou n’est pas, n’en déplaise aux néo-écolos.

En vous souhaitant une très bonne année 2022 sous le signe du partage.

Anne-Laure Stanislas, Nicolas Bonnet,

co-président.e.s