Pollution de l’air : ce n’est plus un pic, c’est un plateau !
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Clermont-Ferrand supporte un long épisode de pollution hivernale : à la différence de Lyon ou de Grenoble, des mesures d’urgence sur le trafic routier ne sont pas mises en œuvre. La raison en est simple : nous ne sommes pas confrontés au même type de pollution.

Prépondérant pour les autres métropoles, l’impact polluant du trafic routier est moindre cet hiver, à Clermont-Ferrand, le facteur déterminant étant le chauffage domestique et notamment la mauvaise combustion des anciens appareils de chauffage au bois et cheminées. D’après Atmo Auvergne – Rhône – Alpes, la pollution liée au transport routier ne concernerait que 20 % des émissions quand les particules issues du chauffage au bois seraient la cause de 40 à 50 % des émissions polluantes, les 20 % restant étant dus à l’industrie manufacturière.

Des facteurs géographiques et des choix historiques dans l’aménagement de Lyon et de Grenoble (Lyon étant délibérément traversée par un nœud autoroutier) sont déterminants dans leur exposition récurrente aux pics de pollution supérieure à 80 µg/m³.

Si l’agglomération de Clermont-Ferrand, installée dans une cuvette au pied de la chaîne des Puys, subit également des contraintes météo défavorables, l’un de ses avantages pour préserver la qualité de l’air est à chercher dans les dispositifs mis en place pour anticiper la multiplication des épisodes et des niveaux de pollution.

Nous avons été la première agglomération de France à intégrer la problématique air à notre plan climat énergie et à adopter ainsi une approche globale de ces problématiques.

Le volet « Air » de ce plan (PAECT) décline une série de mesures et de projets, pour certains en cours, destinés à faciliter la transition vers des modes de déplacements « propres ». Ainsi la réflexion sur le Centre de Distribution Urbaine (CDU) accompagnée d’une zone de circulation réduite, le lancement du schéma cyclable d’agglomération, le développement des alternatives à la voiture individuelle ; l’engagement de l’agglomération dans l’appel à projet national : « ville respirable en 5 ans ».

Aussi selon le bilan délivré par ATMO depuis 2010, nous notons une stabilisation, voire une réduction tendancielle des émissions de polluants sur notre agglomération.

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Il nous faut certes aller plus loin et plus vite. La fréquence accrue de ces épisodes de pollution de l’air appelle des mesures immédiates, telles que la réduction de la vitesse ou la gratuité des transports publics des que le seuil d’information est déclaré par la préfecture, afin d’éviter une aggravation des niveaux d’émissions liées au trafic routier.

 

Au-delà de ces réactions dans l’urgence, les mesures radicales qui s’imposent sont des mesures de transition, qui produiront des résultats à long-terme et durables.

Et tout d’abord, agir massivement sur le principal émetteur de pollution aux particules fines dans notre métropole, le chauffage, défi sanitaire de première importance.

Nous préconisons d’agir en inscrivant dans notre PPA (Plan de Protection de l’Atmosphère) une batterie de mesures convergentes contre ce type d’émissions polluantes.

1- Rénover les logements et le patrimoine existants. L’enjeu est double : il s’agit à la fois de réduire les consommations et les factures d’énergie ; mais également de limiter les consommations les plus polluantes. La Communauté Urbaine peut lancer des initiatives ; elles ne pourront aboutir qu’avec le levier des soutiens de l’État et de la Région (responsable de la coordination des politiques de l’énergie).

Sur Clermont-Ferrand, nous devons accélérer en parallèle la création de la plate-forme de rénovation énergétique qui sera la cheville ouvrière locale de politiques impulsées plus haut.

2- Changer de combustible en faisant le pari des réseaux de chaleur approvisionnés en énergies propres et locales. Nous devons élaborer un plan chaleur / froid à l’échelle du territoire communautaire afin de mettre en réseau l’ensemble des thermies / calories disponibles dans notre agglomération.

3- Créer un Fonds air, destiné à financer la conversion des appareils de chauffage les plus anciens (cheminée ouverte ou appareil de chauffage au bois antérieur à 2002) en s’appuyant sur l’expérience menée dans la Vallée de l’Arve depuis 2013 : une aide de 1000 euros par appareil, plafonnée à 50 % de l’investissement, ce qui représente un budget de 900 000 euros par an abondé à 50 % par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) et 50 % par les collectivités locales (conseils départemental, régional en plus des intercommunalités).

Et, pour cela, s’appuyer sur une norme d’émissions de particules pour les appareils de chauffage, définie par arrêté préfectoral sur le territoire communautaire.

4- Lancer, enfin, une opération en direction des mobilités professionnelles sur le bassin, avec un objectif et des incitations à la signature de PDE (Plans de Déplacement d’Entreprises) favorisant notamment les usages partagés de la voiture.