Clermont : vers une ville verte
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Le Conseil municipal de Clermont-Ferrand vient de voter l’adoption du premier Plan Local d’Urbanisme (PLU) de notre ville. Fondé sur une philosophie très largement inspirée des fondamentaux écologistes, il ouvre une nouvelle ère en matière d’urbanisme à Clermont-Ferrand.

Clermont-Ferrand est l’une des premières villes françaises de sa strate à se doter d’un document aussi innovant, ce qui passera nécessairement par une phase d’expérimentation.

En tournant le dos à des documents de type POS (Plan d’Occupation des Sols), Clermont-Ferrand se donne la possibilité d’un document en phase avec les enjeux majeurs de notre époque, comme, plus généralement, avec une perspective réellement écologique.

Avec ce PLU, nous nous donnons la possibilité de fixer un horizon à la ville telle qu’elle puisse répondre aux défis qui nous apparaissent fondamentaux, enjeux qui concernent à la fois les hommes, les femmes, les sociétés et la nature.

Ces enjeux, quels sont-ils ?

Défi essentiel parmi les autres, celui de la destruction de la biosphère et du vivant, défi dans lequel s’encastrent tous les autres, qu’ils soient climatique / énergétique, agricole / alimentaire, etc.

Or, ces défis sont principalement liés à une utilisation incontrôlée de l’espace et des sols, ce qui est dû et ce qui induit des consommations énergétiques démesurées.

Certes, ce PLU n’est qu’une réponse locale à ces défis, mais une réponse pertinente, porteuse de changements profonds. Ne serait-ce que sur trois points fondamentaux :

1- Premier principe fort, celui de mettre un terme à l’étalement urbain et de fixer une frontière à la ville. C’est un tournant majeur vers la ville du XXIè siècle quand celle du XXe a été tout entière vouée à l’expansion illimitée.

Frontière certes, mais pas hermétique avec tout ce qu’elle permet d’osmose entre l’urbain et le vivant, la nature et les espaces environnants.

2- Le second principe de ce document est la conséquence du premier : si la ville ne s’étend plus, si elle est plus dense, il faut en gérer la diversité et les contradictions sur le même espace : ce qui revêt une triple signification, à la fois :

  • sociale à travers, non pas la ghettoïsation mais la cohabitation et la mixité de toutes les couches de population sur un espace limité : cela passe par une gestion fine du peuplement et de la mixité sociale (idéalement à l’échelle de l’agglomération) rendue possible par ce PLU au travers notamment de ses servitudes de logement social différenciées quartier par quartier.
  • urbaine, avec l’engagement d’un meilleur partage de l’espace public et la nécessité de lutter contre les nuisances du trafic automobile ;
  • et enfin environnementale, à travers la recherche d’un mariage assumé entre le minéral et le végétal, ce qui est essentiel tant en termes de cadre de vie, que de biodiversité et de fraîcheur.

3- Enfin, l’apparition de nouveaux outils de gestion des sols marque aussi une évolution sensible de la philosophie qui inspire ce nouveau document. Le remplacement de l’antique COS par les tout nouveaux CBS et PLT est une petite révolution en termes d’approches de la ville.

Le COS, coefficient d’occupation des sols, reliait la surface de foncier à la surface de plancher constructible dans une stricte logique de production de logements et de bâtiments. Le sol n’était alors considéré qu’en tant que simple support physique à la construction.

Le PLT, coefficient de pleine terre, définit le minimum de sol perméable et vivant qui doit demeurer sur une parcelle, une fois construite.

Le CBS, coefficient de biotope par surface, vient y ajouter un plancher en termes d’espaces ouverts à la biodiversité sur une parcelle.

Le renversement est éloquent : de prétexte et supports à la construction et donc à la ville, les sols et leur valorisation par le vivant deviennent des finalités de l’action de (re)construction urbaine.

Bien évidemment, l’ensemble de ces outils ne s’appliqueront qu’à la construction et à la reconstruction de la ville : ce qui est loin d’être négligeable dans un coeur de métropole qui demande à être inventé.

L’adoption de ce PLU constitue une petite révolution dans la conception de la ville à Clermont-Ferrand. Et c’est le temps qui désormais fera émerger la ville verte que nous appelons de nos vœux. Additionné d’une bonne dose de volonté. Politique.

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