Photovoltaïque à Clermont-Ferrand : ne pas tomber dans le panneau
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Lors du Conseil Métropolitain du 2 avril, Nicolas Bonnet a présenté (voir ci-dessous) un « projet de convention d’occupation du domaine public pour l’installation et l’exploitation de centrales photovoltaïque sous forme d’ombrières de parking et de toitures photovoltaïques ».

Interviewé par Damien Caillard du site Tikographie, il est revenu en détails sur ce dossier ainsi que sur les perspectives pour la politique métropolitaine et territoriale de production d’énergie renouvelable.

=> Dossier spécial Ombrières par Tikographie

« Dans le cadre de ce débat en Conseil métropolitain, un point a été réalisé quant au développement du photovoltaïque sur le territoire de la Métropole, et ce, sur la base du potentiel établi par le STEE [Schéma de Transition Énergétique et Écologique au niveau métropolitain, 2018], complétées par des données fournies récemment par EDF et RTE (Réseaux de Transport d’Électricité) sur la production : quantités d’énergie photovoltaïque injectées dans le réseau, nombre de raccordements par catégorie de puissance installée, etc.

Conseil métropolitain – 2 avril 2021

Entre le potentiel photovoltaïque estimé par le STEE et les projets photovoltaïques identifiés par Clermont Auvergne Métropole, il y a en effet un écart.

Cet écart s’explique en partie par le fait que le rôle de la Métropole n’est pas de développer à elle-seule l’intégralité du potentiel photovoltaïque du territoire. La métropole doit y prendre sa part, et elle a encore des marges de progression, mais elle n’a ni les moyens ni la vocation de faire à la place de tous les autres acteurs du territoire, par exemple les privés pour équiper leurs toitures en panneaux solaires. La métropole portera ses propres projets, tout en accompagnant d’autres, en stimulant et aidant les autres acteurs du territoire.

On pourrait faire une analogie avec les questions d’alimentation qui ont été travaillées à travers le Projet Alimentaire Territorial : les besoins et le potentiel du territoire ont été estimés, il serait opportun que la métropole et ses communes produisent en régie une partie de l’alimentation nécessaire, notamment pour les cantines publiques, mais la majeure partie de la production alimentaire repose sur des producteurs indépendants. Là aussi, il y a une différence entre le potentiel d’un territoire et la part de ce potentiel qui sera développée par les collectivités locales (métropole, communes, …).

En outre, pour revenir au photovoltaïque, la réalisation de son potentiel dépend d’autres facteurs extérieurs, comme le tarif d’achat : quand il était plus élevé [il y a quelques années], cette énergie renouvelable a connu un bond en avant car il était plus facile de rentabiliser les investissements.

N’oublions pas aussi que la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas. La métropole encourage aussi aux économies d’énergie avec, par exemple, le dispositif Rénover Plus Demain qui accompagne les habitants dans la rénovation énergétique de leur logement.

Le projet de la carrière de Nohanent

Sur l’ancienne carrière de Nohanent, une entreprise privée (la société Valeco) porte un projet de centrale photovoltaïque, conformément au PLU de la commune. Ce site se trouve sur l’ouest de l’espace naturel se trouvant entre 5 communes de la métropole : Clermont-Ferrand, Durtol, Nohanent, Blanzat et Cébazat. La partie clermontoise de cet espace, « les Côtes de Clermont », a été labellisé Espace Naturel Sensible, et la métropole travaille désormais à un élargissement de cette démarche aux 4 autres communes concernées, démarche complémentaire et non contradictoire avec la création d’une centrale photovoltaïque sur l’ancienne carrière.

Cette centrale contribuera significativement aux objectifs territoriaux en matière de production photovoltaïque. Elle ne nous privera pas d’un terrain ayant un potentiel agricole, mais valorisera un terrain dégradé du fait de l’exploitation de l’ancienne carrière, dans le même esprit que le projet porté par le Valtom à Puy Long (site d’enfouissement de déchets).

Quant aux impacts paysagers, chacun se fera sa propre opinion, mais il me semble important de noter que le porteur de projet, Valeco, fait des efforts pour réduire l’impact visuel des installations (panneaux les moins réfléchissants, orientation Sud-Est moins visible depuis la Chaîne des Puys et dégradant un peu la production).

Désormais, le permis de construire reste à instruire par la préfecture et donnera prochainement lieu à enquête publique.

Le projet Ombrières d’Auvergne

La démarche a déjà trois ans : la SEAu, une Société d’Économie Mixte dont la métropole est actionnaire (devenue depuis Assemblia après sa fusion avec Logidôme), cherche à élargir son champ d’action initial (l’aménagement) au développement des énergies renouvelables. Dans ce processus, elle se rapproche alors de « See You Sun », une petite entreprise spécialisée dans le montage de projets photovoltaïques sur ombrières et ils constituent ensemble une société de projet dédiée à cela pour notre territoire, « Ombrières d’Auvergne ».

Après un appel à manifestation d’intérêt, la métropole a retenu cette société pour équiper d’ombrières photovoltaïques neufs parkings. Ils font suite à une sélection multicritère parmi l’ensemble du patrimoine métropolitain, notamment sur leur potentiel d’évolution à moyen-long terme, tant d’un point de vue urbanistique qu’en terme de dépollution(il faut savoir qu’un parking est très dur à dépolluer). Même si un engagement est nécessaire à l’échelle de 20-30 ans pour des raisons d’amortissement du matériel et de rachat d’électricité, les ombrières qui seront installées ne sont pas gravées dans le marbre, des clauses exceptionnelles permettent leur démontage en cas de choix de la collectivité de faire évoluer ces parkings vers d’autres usages dans les années à venir.

Les solutions avancées par Clermont en Commun

En tant qu’élu Europe Écologie les Verts, je me suis opposé au projet d’extension du stade Gabriel Montpied au précédent mandat, nous avons malheureusement perdu ce vote et la 1ère tranche de ce projet a été validé. Si la métropole revenait dessus aujourd’hui, nous ferions effectivement des économies – plutôt 20 millions d’euros que 30 du fait des diverses aides extérieures – ça permettrait potentiellement d’accélérer la réalisation du STEE ou d’aller au-delà, mais nous prévoyons quoi qu’il en soit de réaliser ce qui est prévu dans le cadre du STEE.

Le principe d’une régie publique est une bonne idée, nous poussons la réflexion dans ce sens via un outil de type SPL (Société Publique Locale) pour les installations sur le patrimoine public (une régie ou une SPL ne pouvant pas intervenir en dehors). Par ailleurs, un outil de type SEM (Société d’Économie Mixte) sera un complément idéal pour intervenir sur le patrimoine privé, l’intérêt d’une SEM étant de permettre au public de travailler avec le privé tout en évitant le risque de “privatisation des gains, mutualisation des pertes” qui peut survenir avec certains PPP (Partenariat Public-Privé). C’est le rôle que pourrait jouer par exemple Assemblia sur notre territoire. Et c’est grâce à ce type d’outil que l’on pourra contribuer au développement du potentiel du patrimoine privé, ce qui est capital pour atteindre les objectifs du STEE.

Les autres pistes de travail

On travaille avec le SIEG63 (Syndicat Intercommunal de l’Électricité et du Gaz du Puy-de-Dôme) pour optimiser l’éclairage public et le raccordement au réseau. Rémi Chabrillat, élu à la Ville de Clermont-Ferrand, en est d’ailleurs le 1er vice-président. Dans sa feuille de route, il travaille à monter une ou plusieurs structures communes pour développer les énergies renouvelables sur le département afin de mutualiser les compétences et le portage les projets entre les différentes collectivités locales du département.

La perspective de contrat d’auto-consommation d’électricité à l’échelle d’un quartier devrait aussi favoriser le développement des énergies renouvelables.

Dans le cadre du PLUm [Plan Local d’Urbanisme Métropolitain, en cours d’élaboration] nous travaillons à des dispositifs permettant de faciliter les installations en photovoltaïque, notamment en toiture (par exemple, que la limite de hauteur de toit ne prenne pas en compte les panneaux).

Enfin, nous avons des actions de sensibilisation des entreprises dans les zones d’activités économiques, pour les inciter à équiper leurs toits en photovoltaïque. Sans oublier l’initiative Solaire Dôme, portée par l’Aduhme [qui recense précisément le potentiel d’installation sur les toitures publiques dans le département et accompagne les collectivités]

***

Pour conclure, je dirai que nous ne sommes pas dans une forme d’autosatisfaction, nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire. Même si les potentiels identifiés dans le STEE n’ont pas vocation à être atteint par la seule action de la métropole, nous cherchons à en prendre une part de plus en plus grande. »

Propos recueillis par Damien Caillard
Éditeur & Rédacteur