Ni relance, ni austérité : transition
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Ils étaient tous deux à la relance : grands travaux, expansion de la masse monétaire, soulagement des trésoreries d’entreprises, etc. Mais aussi bien Matteo Renzi que Shinzo Abe buttent aujourd’hui sur la léthargie durable d’économies anémiées. L’austérité confine à la déflation ; mais la relance ne relance rien. Reste une troisième voie, largement inexplorée : la transition écologique.

La Renzi mania – du nom du Président du Conseil italien, Matteo Renzi – a fait long feu. L’Abe mania – du nom de son homologue japonais, Shinzo Abe – ne se porte guère mieux, depuis que ce dernier a décidé de retourner devant les électeurs (novembre 2014).

Les raisons ? La persistance de résultats atones sur le front de la croissance malgré des politiques ou des velléités de relance.

Si Matteo Renzi peut bénéficier des circonstances atténuantes d’une arrivée encore très récente aux affaires, M. Abe y est depuis décembre 2012 : son programme, les Abenomics (en référence aux Reaganomics) repose sur trois flèches, relance budgétaire, monétaire et réformes structurelles. Malgré une politique monétaire accommodante fondée sur un doublement de la masse monétaire en circulation, qui a conduit à la baisse du yen, à l’amélioration de la compétitivité-prix de l’économie japonaise ainsi qu’à de l’inflation importée (renchérissement des importations d’énergies fossiles), les salaires ne sont pas repartis à la hausse et l’archipel peine plus que jamais à se sortir de cette déflation qui l’assomme économiquement depuis la fin des années 80.

Même s’il est trop tôt pour tirer de ce panorama des conclusions définitives, il est sans doute utile de souligner combien aux impasses d’une austérité déflationniste dans lesquelles s’enfonce l’Europe, il est périlleux de répondre par l’exact contrepoint de l’austérité, à savoir la relance à tout-va d’économies et de marchés saturés ; si saturés que la relance n’a que peu d’effet économique, qu’elle est écologiquement coûteuse et qu’elle prépare donc les crises et l’austérité de demain.

Opposer la relance à l’austérité, ou bien l’austérité à la relance, est plutôt séduisant mais aujourd’hui largement inopérant. A cette alternative fausse et sans issue, il nous appartient de proposer une troisième voie qui ne soit ni l’austérité aveugle, ni la relance bornée. C’est tout le problème de la transition portée par les écologistes. Transition écologique vers un autre mode de production, vers un autre modèle de société.

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L’histoire économique nous apprend que face à de telles impasses économiques et sociales, la sortie s’est jusqu’à présent opérée via des sauts technologiques : charbon et machine à vapeur, moteur à explosion et électricité, nouvelles technologies de l’information…

Mais étant données les caractéristiques de la crise actuelle – première crise écologique depuis 1848 – il semble hasardeux de prédire une sortie de crise via un saut technologique encore plus consommateur d’énergie et de ressources rares.

Beaucoup attendent, à l’instar de l’essayiste américain Jeremy Rifkin, une révolution énergétique et communicationnelle de tout premier plan qui permettrait à nos économies de renouer avec cette croissance tant espérée. Et de tourner définitivement la page des trente piteuses. C’est le programme d’ailleurs annoncé dans les discours prônant la relance vers la croissance et le capitalisme verts. Une relance peinte en vert pour mieux répondre à l’austérité ! Mais toujours confrontée aux mêmes problèmes.

La voie de la transition écologique est encore ailleurs : ni austérité, ni relance, la transition est l’exploration d’une porte étroite vers un autre modèle de société, un nouveau modèle d’économie mêlant innovation, ressources locales et solidarités.

A suivre…