Les Volcans, SCOP ou encore ? (1)
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Aucun repreneur ne s’étant proposé pour la librairie des Volcans, il ne reste aujourd’hui qu’une seule possibilité : la reprise en SCOP [Société Coopérative et Participative] par les salariés. Certes moins rassurante qu’une reprise classique, elle est désormais la seule chance de sauver cette librairie. Et sans doute une belle opportunité de démontrer ici l’utilité de ce que l’on appelle l’économie sociale et solidaire (ESS).

Selon une étude d’Oséo parue en 2005, un salarié de l’entreprise a deux fois plus de chance de réussite qu’un repreneur extérieur. En effet, les salariés ont ensemble une excellente connaissance de leur société, de son savoir-faire, de ses produits, clients et rouages. Mais l’ambition d’une telle reprise, avant le rendement financier, est d’accompagner et d’impliquer les salariés dans la reprise durable de leur entreprise.

Au-delà de sa pertinence économique et humaine, la reprise de la librairie des Volcans par ses salariés jetterait une lumière neuve sur les possibilités d’une économie dite du tiers secteur (ni privé, ni public) qui va bien au-delà des simples structures coopératives : loin des perspectives de croissance recherchées par l’économie productive et financière, l’ESS oeuvre en effet à recoudre à l’échelle locale les liens arrachés entre demande et offre locales ; à répondre aux besoins négligés par des capacités humaines et financières largement négligées par l’économie classique. Et de retrouver les outils financiers puis humains de pérenniser ces liens locaux via la création d’activité.
Telle pourrait d’ailleurs être la
ou les mission(s) d’un Pôle Local de l’économie sociale et solidaire, et d’une pépinière territoriale de l’ESS : identifier et faire correspondre besoins inassouvis et offre ignorée ; trouver les moyens de financer et de rendre ces liens solvables.

Lier l’offre et la demande

Or, ici, en l’occurrence, la demande existe : demande d’une librairie de proximité, seul cadre aujourd’hui de l’exercice et de la redéfinition du métier de libraire autour de la découverte, de la transmission d’écritures ignorées par les supermarchés de la culture. L’offre existe, portée par les salariés de la librairie condamnée, et que des décisions comptables et financières condamnent à ne plus exister.

Comment faire en sorte que cette offre et cette demande (à la fois privée et publique : la transmission et la découverte littéraires relèvent d’un bien commun et donc d’un service public) puissent se rencontrer ? Quels outils permettraient d’en amorcer le cycle ?

La valeur ajoutée d’un pôle clermontois de l’ESS serait de rassembler et de fournir l’ingénierie nécessaire à une reprise durable de l’activité par les salariés.

Aujourd’hui, des initiatives diffuses existent en Auvergne : la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) est tout à fait en mesure d’apporter le conseil et le soutien juridique nécessaire à la reprise en coopérative. De prodiguer les conseils nécessaires pour convertir les aides sociales en outils d’investissement et de garantie.

Missions d’un Pôle de l’ESS

Mais il manque une structure unique permettant de tisser les liens entre offre et demande, d’amorcer le cycle économiquement et socialement vertueux de l’ESS sur un territoire.

[A suivre… Partie 2]