Le Web libre débarque à Clermont
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Et si entre voisins, on partageait de la musique, des fichiers, et si on chattait, sans passer par Internet ? C’est le principe de la « pirate box » que le groupe des Indignés du 63 développe à Clermont-Ferrand.
Le principe de la « pirate box » a été inventé aux Etats-Unis en 2011, par David Darts, professeur de technologie à l’Université de New York. Christopher Mendes, lui, est alors élève au lycée Roger-Claustres à Clermont-Ferrand. Il importe à son tour dans son internat ce boîtier wifi portatif, pour en faire profiter ses camarades.

Depuis le 13 avril dernier, avec le concours de l’informaticien Scott Marlin, comme lui membre des Indignés du 63, Christopher veut désormais développer les « pirate box » à Clermont-Ferrand. Il les renomme « share box », « parce que ce nom fait bien moins peur aux gens ». Trois mois après, six « share box » sont ainsi en fonctionnement dans la ville. L’objectif de ces Indignés est que ces petites boîtes soient toujours plus nombreuses, pour qu’un maximum de personnes puissent y avoir accès sans passer par Internet, surveillé, entre autres, par Prism.

Comment ça marche ? 

Une pirate box peut se confectionner simplement, pour un coût d’environ 70 euros. Il suffit d’acheter une batterie, un petit routeur et d’y brancher un dispositif de stockage comme une clé USB. Il faut ensuite remplacer le logiciel existant sur le routeur et y installer le logiciel « open wrt », téléchargeable gratuitement sur Internet. Durée de l’opération : une heure maximum. « C’est ce qui s’appelle le « hacking », résume Scott Marlin, »c’est-à-dire détourner un objet de sa fonction première ».

Tout appareil qui peut se connecter en wifi (ordinateur, tablette, téléphone etc.) pourra se connecter sans fil au routeur, et donc avoir accès aux fichiers contenus dans la clé USB. Il pourra télécharger ces fichiers, et en déposer d’autres.

La portée de ces petits routeurs est de 70 mètres, jusqu’à 120 mètres s’ils sont assortis d’une antenne. Mieux : en récupérant une box « de marque » la portée peut atteindre 300 mètres. Tous les appareils connectés au routeur se retrouvent en réseau même si aucun n’a de connexion à Internet. Mais si l’un d’eux en a une, il peut la partager avec ses confrères.

A quoi ça sert ? 

Le but ultime est de créer un réseau qui concurrence le web, et qui par conséquent, soit une alternative à la surveillance et au fichage des internautes, aux publicités ciblées etc. Même si la police mettait la main sur la share box, il lui serait impossible de savoir qui l’a utilisée. De plus, c’est une façon de protester contre les abonnements à Internet que les Indignés du 63 estiment « trop chers ».

Mais le but premier reste de créer un Internet local : pour se tenir informé des événements du quartier par exemple, pour discuter avec ses voisins. « Je vois le côté militant de ce dispositif », ajoute Scott Marlin, « quand on est dans des manifestations, des réunions, des forums, on peut envoyer des informations sans passer par des réseaux officiels. » L’utilité d’une pirate box est encore plus évidente dans les pays en guerre, pour ceux qui connaissent la censure ou qui ont très peu accès à Internet.

Des « pirate box » ont aussi vu le jour à Paris, Bordeaux et Toulouse.

Est-ce légal ? 

Oui, tant que les internautes partagent uniquement de l’information, des paroles, et des données libres de droits.

Pour créer votre « pirate box » ou savoir où capter les « pirate box » existantes à Clermont-Ferrand, contactez Christopher Mendes au 06.44.09.06.14 pour qu’il vous explique ou consultez la page Facebook.

– par Alice Chevrier

[Source : La Montagne, le 16/07/2013]