Le Sud-ouest lance sa monnaie 100% numérique
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Après le ‘wir’ en Suisse et le ‘res’ en Belgique, le ‘mipys’, une monnaie complémentaire 100% numérique et à parité avec l’euro sera mise en circulation le 1er octobre en Midi-Pyrénées pour soutenir l’activité et l’emploi dans la région.

Ce nouveau mode d’échange devrait aussi servir à financer la rénovation énergétique par le biais de prêts à taux zéro.

Porté par le conseiller régional (PS) Pierre Poujade, président de l’Agence régionale du développement durable (Arpe Midi-Pyrénées), ce projet se veut « une première en France » par sa dimension 100% numérique et sa vocation d’intérêt collectif.

Son périmètre s’étendra dans un premier temps au territoire de Midi-Pyrénées mais, compte tenu de la fusion programmée de la région avec le Languedoc-Roussillon dans le cadre de la réforme territoriale, il pourrait être amené à évoluer.

Le lancement du mipys, dont le nom changera avec la réforme, démarrera le 1er octobre par une phase d’expérimentation à Séquestre (Tarn), dont Pierre Poujade est le maire.

Une dizaine d’acteurs de cette commune de 1.600 habitants, dont la mairie, la crèche, des artisans et des commerçants testeront durant trois mois cette monnaie à petite échelle.

Au 1er janvier 2015, l’expérimentation devrait être élargie à une quinzaine de villes de Midi-Pyrénées avant une extension à l’ensemble du territoire régional dès le 1er avril 2015 avec au moins 1.000 commerces et professionnels engagés dans le projet.

NOUVEAUX MARCHÉS

Seuls les habitants, les associations ou les entreprises ayant un siège social dans la région et ayant souscrit à un compte en mipys auront accès à cette monnaie complémentaire.

Les achats et paiements ne se feront que sur supports numériques, par carte bancaire, internet et smartphone.

Destinée à favoriser l’activité locale, cette monnaie de consommation vertueuse ne génèrera pas d’intérêts afin de décourager la thésaurisation et aura vocation à servir de carte de fidélité chez les commerçants où elle sera utilisée.

Les frais de gestion des comptes bancaires en mipys seront proportionnels à la somme qui y sera laissée pour inciter les usagers à utiliser la monnaie rapidement.

« L’intérêt pour les particuliers est un gain en pouvoir d’achat. A chaque fois qu’un particulier voudra créditer son compte en mipys, il obtiendra 110 mipys pour 100 euros versés, soit un bonus de 10% », explique Pierre Poujade. « Pour les professionnels, cette monnaie devrait leur permettre de capter de nouveaux marchés comme en Belgique, où le chiffre d’affaires supplémentaire généré par le res est de 5 à 10%. »

Pour l’élu régional, le but « n’est pas de lancer une monnaie alternative à l’euro mais une monnaie complémentaire qui remette l’humain au centre d’un projet économique de proximité et qui remplisse des fonctions que ne remplissent pas les monnaies officielles, comme de générer de l’emploi local ».

« Comme le res belge, la monnaie mipys est entièrement numérique, comme le wir elle aura une vocation bancaire en accordant des prêts à taux zéro, comme les miles des compagnies aériennes, elle aura une fonction de carte de fidélité », précise Pierre Poujade, qui estime à 20.000 le nombre d’usagers nécessaires pour « faire tourner cette monnaie ».

PROFUSION DE MONNAIES RÉGIONALES

D’autres monnaies locales citoyennes à parité avec l’euro ont déjà fait leur apparition et s’échangent sous forme de coupons-billets comme la touselle en Haute-Garonne, le sol-olympe à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, le céou à Gourdon, dans le Lot ou le pyrène en Ariège, lancé en juillet dernier.

A Toulouse, le sol-violette, mis en circulation en mai 2011 avec le soutien de la municipalité, remporte un vif succès.

Cette monnaie compte aujourd’hui 1.800 utilisateurs qui peuvent consommer auprès de 153 magasins ou associations de l’économie sociale et solidaire. Quelque 60.000 sols sont aujourd’hui en circulation et ont généré un chiffre d’affaires de 360.000 sols-violette dans le réseau utilisateur.

« Toutes ces initiatives montrent la vitalité et le besoin des citoyens de s’approprier la question monétaire pour remettre la finance au service de l’économie réelle et restreindre les capacités à spéculer des marchés financiers », estime Andrea Caro, cofondatrice et coordinatrice du projet sol-violette.

« Mais la question de la coexistence de ces monnaies locales va très vite se poser. Il va falloir réfléchir à leur convergence pour un passage à plus grande échelle, sans qu’elles y perdent leur âme », ajoute-t-elle.

Source : usine-digitale.fr, le 13 septembre 2014