Le rail, objectif capitale ?
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Fret, train de nuit, alternatives à l’avion, le « monde de demain » regorge d’idées pour le ferroviaire. De quoi attirer notre attention et nourrir une série d’articles. Premier épisode par ici.

En septembre 2019, l’ancien patron de la SNCF Guillaume Pepy, et le désormais ministre des Transports Jean-Baptiste Djebarri, s’étaient rendus à Clermont-Ferrand, les mains pleines de petites promesses et vides d’actions. Après leur venue, les mêmes qui réclamaient 14 milliards pour la LGV – POCL (Ligne Grande Vitesse Paris – Orléans – Clermont – Lyon) il y a quelques années se félicitaient bruyamment d’une aumône d’un milliard déjà promise quatre ans plus tôt par le gouvernement sur le simple maintien en l’état de la ligne Paris – Clermont-Ferrand. Bien vite satisfaits.

Faute de réflexion de fond sur nos besoins réels et nos moyens de mobilité, le débat sur le ferroviaire en Auvergne et en France ne fait qu’enfiler rêves et incantations. Un an plus tard, de passage à Clermont-Ferrand, le Président annonce en effet le retour de Monsieur Djebarri avec « une enveloppe importante », le jeudi 24 septembre. 

Penchons-nous alors sur les actions menées en l’espace d’une année. Les liaisons sont-elles passées de 7 à 9 par jour ? Le Comité de suivi a-t-il été constitué ? Les voies sont-elles rénovées ? Il n’en est rien. La faute à la grève et à la Covid 19, dit-on.

Preuves à l’appui : le retard moyen des trains Paris – Clermont-Ferrand a encore augmenté en 2020, pour cause d’infrastructures défaillantes et d’un manque de rénovation. Pourtant, l’année 2019 devait être charnière pour ce que l’association Objectif Capitales qualifie de « ligne en souffrance ».

« L’Auvergne, malgré les promesses, reste dans l’angle mort de la politique de mobilité française menée par les gouvernements successifs », souligne l’association. Olivier Bianchi, Maire de Clermont-Ferrand ajoute : « Le développement de notre métropole nécessite une ligne Clermont-Paris de qualité. Il y a urgence ! »

Alors, que vient annoncer le ministre des Transports jeudi prochain ? Le Président avait mentionné un « investissement dans le cadre du Plan France Relance » pour faire rapidement « gagner 9 minutes » à la liaison Paris – Clermont-Ferrand. Sur les 4,7 milliards d’euros du plan qui sont dédiés à la SNCF, déjà près de 2 milliards serviront à couvrir une partie des pertes liées à la crise sanitaire, estimées à plus de 4 milliards d’euros. « Cette aide reste très en-deçà de celle apportée précédemment aux secteurs aéronautique et automobile », juge la Fnaut (Fédération nationale des usagers des transports). Pas de quoi aller bien loin.

Il n’existe en effet en dehors de la seule question du temps de parcours – celle de la vitesse – aucun débat réel sur une quelconque ambition politique et stratégique en matière de desserte ferroviaire de l’Auvergne et du Massif Central. Ambition sans laquelle la problématique restreinte de la vitesse entre Paris et Clermont-Ferrand risque de rester longtemps orpheline.

[A suivre]