La Ceinture Verte « un outil au service de la relocalisation de notre agriculture »
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A l’occasion du vote de la création d’une SCIC Ceinture Verte pour le développement de l’activité maraîchère au sein de la Métropole, nous avons interviewé Jean-Marie Vallée, vice-président à Clermont Auvergne Métropole en charge de l’agriculture, l’alimentation et la biodiversité.

1/ En quoi consiste le projet de SCIC Ceinture Verte ? Quel objectif peut-on se fixer sur l’installation maraîchère ? 

La Métropole vient tout juste d’endosser la compétence agriculture, elle est donc novice en la matière et n’avait pas jusqu’à très récemment de ressource en interne pour lancer des actions en interne. Le projet de SCIC Ceinture Verte permet d’être rapidement opérationnel, de proposer un premier outil au service de la relocalisation de notre agriculture et de nouer des premiers partenariats avec les structures agricoles du territoire telles que la Chambre d’Agriculture. Notre première volonté a été d’agir sur le secteur où notre Métropole est la plus dépendante, soit le maraîchage. Actuellement, seul 180 ha sur le territoire métropolitain sont consacrés au maraîchage. 

La SCIC Ceinture Verte s’engage à aider les personnes souhaitant s’installer en maraîchage en leur fournissant un terrain de 2 ha, un système d’irrigation et de l’outillage en contrepartie d’un loyer dont le coût évolue selon le chiffre d’affaires de l’exploitation. 

Cette installation clé en main permet notamment de répondre à la problématique des agriculteurs hors cadre familial qui n’ont ni patrimoine, ni argent leur permettant de bénéficier d’emprunt bancaire ou de terre pour lancer leur activité. C’est la coopérative qui porte les investissements et la recherche de financement permettant ainsi au producteur de se focaliser sur l’activité pour laquelle il est compétent, la production agricole. La ceinture verte est donc une véritable innovation sociale qui permet aux porteurs de projet de conclure notamment un bail rural à long terme permettant de vivre sans endettement, sans assignation à son exploitation et donc une liberté d’entreprendre avec des objectifs de sécurité économique.

Notre objectif sur ce premier mandat sera d’installer une vingtaine de maraîchers sur le territoire de la Métropole. 

2/ Quel sera le rôle de la Métropole ? et celui des communes ? 

La Métropole est partie intégrante du projet puisqu’elle est l’un des membres fondateurs et siégera au sein du Conseil d’Administration dans cette catégorie qui représente 40 % des voix en Assemblée Générale. Elle aura donc un rôle décisif quant aux orientations stratégiques de la coopérative. Elle apportera 100 000 € au capital de la société pour son lancement. En parallèle, elle pourra faire le lien avec les communes qui disposent d’un patrimoine foncier agricole et proposer à la SCIC la mise à disposition de parcelles pour l’installation agricole. Rappelons tout de même que les communes détiennent plus de 2 000 ha de terres agricoles sur lesquelles nous pourrions agir plus rapidement pour développer une ceinture maraîchère. 

En parallèle, dans le cadre du partenariat entre la Métropole et le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme, le chargé de mission agriculture mutualisé pourra apporter son expertise sur les problématiques foncières (notamment sur les questions de transmissions), identifier les terrains sur lesquels l’installation d’une exploitation maraîchère serait pertinente (notamment pour l’accès à l’irrigation ou la qualité agronomique des sols) et le cas échéant, mobiliser les aides mis en place par le Conseil Départemental comme avec le soutien à la réhabilitation agricole d’espaces boisés gênants et/ou friches 

3/ La SCIC est un modèle coopératif. Pourquoi est-ce important de s’entourer de différents partenaires dans ce type de projet ? 

De nombreux acteurs agissent déjà pour le développement de l’agriculture sur notre territoire. Ils sont réunis notamment au sein du Plan Alimentaire Territorial développé par le Grand Clermont. En tant que tout nouvel acteur, il nous paraissait important de proposer un projet au sein duquel chacun pourrait participer pour construire ensemble de nouveaux outils complémentaires de ce qui existe déjà. Cela nous permet aussi d’approfondir et de créer des relations de confiance avec des structures telles que la Chambre d’Agriculture, Bio 63 ou encore la SAFER. Chacun pourra apporter son expérience et travailler à la réussite du projet au-delà des divergences politiques. 

4/ Est-ce que les agriculteurs installés le seront en agriculture biologique ? 

C’est un objectif primordial de ce projet. Actuellement, seul 7 % de la surface agricole du territoire est en bio soit 29 exploitants (dont 10 maraîchers) sur les 149 que compte notre Métropole. 

Cependant, on constate une réelle dynamique de l’installation maraîchère en agriculture biologique. Le projet de ceinture maraîchère est aussi un projet en faveur de la préservation de la biodiversité, d’où l’importance de développer une agriculture biologique sur notre territoire qui permette aussi de réduire le rythme d’artificialisation des terres tout en favorisant l’emploi. L’activité agricole est une activité économique à part entière qu’il faut valoriser au même titre que l’emploi industriel par exemple. 

5/ Ce projet est une première pierre à un projet agricole et alimentaire métropolitain. Quelles seront les prochaines étapes ? 

Notre politique globale est de renforcer l’écosystème agricole pour une alimentation de qualité, locale avec l’ensemble des acteurs du grand Clermont. Ainsi, la Métropole doit s’engager auprès des porteurs de projets collectifs sur la Métropole. A ce titre, elle continuera son soutien comme elle peut le faire sur le projet de Ferme Urbaine à Clermont, auprès du projet de Ferme de Sarliève porté par Terres de Liens, Îlot Paysan et Bio 63 ou de la CAAP sur la question alimentaire, voire sur les questions logistiques. 

Nous conduisons actuellement une étude avec Bio 63 sur la question de l’approvisionnement au sein de la restauration collective. Les conclusions de cette étude nous permettront de mettre en place de nouvelles actions pour favoriser le développement des circuits-courts alimentaires dans les secteurs où cela est nécessaire. 

Nous allons poursuivre notre travail avec les communes afin d’identifier le foncier disponible pour le déploiement de la ceinture agricole et étudier la mise en place d’outils de protection de ces terres tels que le permettent la Zone Agricole Protégée ou les PAEN. Cela fait le lien avec le futur PLUm. En effet, le développement de la politique agricole métropolitaine ne pourra se mettre en place seulement si les sols sont protégés par l’urbanisation. Bien qu’en réduction depuis plusieurs années, il va falloir sérieusement freiner le rythme d’artificialisation qui atteint pratiquement 800 ha entre 2008 et 2017.