Déchets 63 : un plan pour presque rien (2)
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Les élus écologistes de Clermont-Ferrand se sont toujours mobilisés en faveur d’une politique ambitieuse de réduction, de collecte et de traitement des déchets, politique alternative à celle centrée sur l’incinérateur de Clermont-Ferrand.
Sans surprise, moins de dix mois après la mise en service de cet équipement, le projet de plan départemental de prévention et de gestion des déchets est tout entier construit autour des 150 000 tonnes de capacité annuelle d’incinération.

Partie 1

Si le bilan chiffré des tonnages à enfouir est plutôt flatteur, un bilan plus large rend compte des lacunes de ce plan.

Bilan financier

Incinérateur

Pôle de valorisation *

Différence

Sur 20 ans

Investissement initial

160 millions

31 millions

129 millions

6,45 millions/an

Coût de fonctionnement sur 20 ans

450 millions

225 millions

225 millions

11,25 millions/an

Total

610

256

354 millions

17,7 millions/an

* Préfiguration du projet OPHRYS présenté par Clermont Communauté en alternative à l’incinérateur.

Une économie de près de 18 millions par an permettrait de dégager une somme de 180 millions d’euros sur la décennie que couvre le plan faisant l’objet de cette enquête publique [2015 – 2025]

Cette bouffée d’air financière aurait pu être consacrée :

– à une maîtrise de la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) sur l’ensemble du département, évitant ainsi son explosion actuelle

– à la mise en place d’un vaste plan d’information et de sensibilisation des citoyens à la gestion de leurs déchets pour améliorer le tri, couplé à une amélioration substantielle de l’offre de tri dans chacun des syndicats intercommunaux de collecte, le tout dans une optique du zéro déchet (réemploi de toutes les matières inertes, méthanisation puis réemploi de toutes les matières organiques).

– à des investissements moins inertes (en termes d’emplois et de retombées économiques) qu’un incinérateur. Un fonds dédié à l’économie circulaire aurait notamment pu permettre d’ambitieux projets de bourses aux déchets et d’écologie industrielle (afin que les déchets d’un site deviennent les ressources d’un autre).

Bilan social – La différence se fait également entre la qualité des investissements : l’incinérateur relevant d’un investissement inerte pour le territoire quand l’investissement vers les filières de détournement est largement pourvoyeur d’emplois.

Les stratégies de réduction des déchets à la source (lutte contre le gaspillage, contre le suremballage) jouent également en faveur de l’économie locale et de circuits économiques plus locaux et plus intégrés.

Un récent rapport du BEE (Bureau Européen de l’Environnement) évoquait la création potentielle de 750 000 emplois d’ici à 2025 et de 860 000 d’ici à 2030, si l’Union européenne (UE) adoptait de nouvelles politiques ambitieuses en matière de prévention et de recyclage des déchets.

Bilan environnemental – Avec 150 000 t de CO2 relâchées dans l’atmosphère, soit près de 12 % des quantités de GES émises annuellement sur l’agglomération clermontoise, le bilan environnemental de ce plan est loin d’être positif.

Sans parler ni du transport des déchets sur le département, ni du bilan plus spécifiquement sanitaire lié à l’incinération : création de molécules plus complexes, plus persistantes et plus toxiques (dioxines, furanes…) suite à la combustion des déchets, dispersion ou risque de dispersion de ces molécules et d’autres polluants dans l’air (fumées de l’incinérateur) ou dans le sol (mâchefers, REFIOM, etc.) et donc dans l’eau.

A suivre