Clermont, le ferroviaire en projet métropolitain ?
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La fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes repose la question des liaisons Clermont – Lyon et notamment de la liaison ferroviaire. Initialement conçu comme une alternative à la démesure de la LGV, le projet de Train à Haut Niveau de Service (THNS) porté par les écologistes constitue également une réponse à ce nouvel enjeu intrarégional.

Pourtant, entre la débauche de milliards dans les infrastructures routières et l’obsession de nos édiles pour la LGV, les solutions avancées ne relèvent au mieux que du bricolage sur des lignes existantes à l’avenir desquelles on feint de croire.

Dans notre région, l’enjeu ferroviaire est pourtant majeur à la fois

  • pour amarrer l’ensemble auvergnat – et notamment, la future plaque métropolitaine – à la métropole lyonnaise

  • et pour relever ce défi en pleine crise climatique.

Dans l’urgence de la fusion, on nous annonce une réponse en forme de bricolage d’urgence : une liaison directe Clermont – Lyon pour décembre prochain, qui devrait

relier les deux villes en 2h11, moyennant l’allègre sacrifice de toutes les gares intermédiaires, Vichy, Roanne et Tarare. L’expérience du TGV nous l’a bien appris, pour aller vite, un train ne doit pas battre des records de vitesse mais surtout éviter de s’arrêter. Ce que l’on appelle aussi la stratégie du boulet (financier notamment).

Une seconde liaison quotidienne de ce genre devrait être créée dans le courant 2016.

Pour gagner 20 minutes et tomber à 1h50, il faudrait consentir des travaux de modernisation et de renforcement de la ligne existante, à hauteur de quelque 2 milliards d’euros. Trop cher, tranchent les thuriferroviaires de la LGV qui ne s’offusquent en rien des 15 milliards annoncés – 20 milliards en réalisé à l’horizon 2045…- pour une LGV qui rapprocherait Paris de Clermont d’une heure, soit 5 milliards les 20 minutes…

En lieu et place à la fois de ces parades d’urgence dans l’attente de dépenses somptuaires liées à la LGV, la raison voudrait qu’entre

– la nécessité absolue d’une liaison ferroviaire performante avec le coeur de la future région

– la nécessité d’une amélioration substantielle de la liaison vers Paris (temps, qualité du transport…)

– l’impossibilité (ni à court ni même à moyen terme) d’aboutir à une liaison LGV

– la nécessité de parier sur l’efficacité, notamment financière de nos investissements

– et de valoriser l’existant même vieillissant

– l’urgence climatique de réaliser un report modal de la route vers le rail,

pour toutes ces raisons, la raison voudrait qu’on retienne une solution qui ne soit ni du bricolage, ni l’attente passive et désespérée du TGV, et qu’on formule un ou des projets réalistes et rapidement réalisables, articulant des réponses à l’ensemble de ces défis.

Le projet de THNS que soutiennent les écologistes trouve alors toute sa pertinence et une actualité nouvelle dans le cadre de cette future région Auvergne – Rhône – Alpes :

  • il évite des dépenses inutiles de bricolage pour penser l’amélioration durable de l’existant en substitution à une LGV qui n’apparaît plus comme la solution la plus efficace.

  • à mi-chemin entre le bricolage inutile et chiffré à quelques milliards d’euros et le grand projet LGV inutile et surtout financièrement inaccessible (20 milliards d’euros), le THNS proposé par les écologistes parie

– sur la rénovation des lignes existantes

– sur la création de tronçons neufs (pour désengorger la sortie de région parisienne et pour faciliter l’accès au nord de Lyon via une ligne Roanne Lozanne)

– et l’achat de matériel entièrement neuf doté de capacités d’accélération – décélération et de larges plates-formes réduisant considérablement les temps d’arrêt en gare ;

le tout est chiffré à environ 6 milliards d’euros (pour des investissement comprenant également la réhabilitation de lignes transversales, très favorables au report modal du transport de marchandises de la route vers le rail).

La crise climatique, la réduction des capacités d’endettement public comme les réformes territoriale et régionale nous contraignent à innover dans tous les domaines, et notamment celui des transports.

Il est urgent de sortir des logiques d’urgence, qui sont aussi des logiques coûteuses, comme des projets pharaoniques très inefficaces.

Le Train à Haut Niveau de Service peut être une réponse adaptée à l’ensemble de ces défis, comme aux besoins de l’agglomération et de l’ensemble métropolitain auvergnat.

Il est grand temps de sortir des logiques d’utopie et de gaspillage.

Clermont Lyon