Clermont-Ferrand : objectif fraîcheur (3)
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L’arrivée précoce de la canicule sur la France et sur Clermont-Ferrand ravive le débat sur les conséquences et les nécessaires adaptations des territoires à l’évolution climatique. Elle donne également une actualité brûlante aux propositions écologistes de création et de préservation de zones de fraîcheur dans l’aménagement urbain de demain.

Clermont-Ferrand : objectif fraîcheur (1)

Clermont-Ferrand : objectif fraîcheur (2)

2- Relier la ville à la nature – et notamment à ses « cœurs de nature », ses zones naturelles sensibles et exceptionnelles, véritables réservoirs de biodiversité – les Côtes, les Volcans, le Val d’Allier.

Placer la trame verte et bleue au cœur de l’aménagement global de la ville : s’il existe un vrai réseau de fontaines à Clermont-Ferrand, l’affirmation et la renaturation de la présence d’un cours d’eau en cœur de ville paraît incontournable.

Dans l’optique de la reconstitution des trames vertes et bleues dans l’espace urbain clermontois, il nous faut chercher à tracer des corridors biologiques dans le tissu de la ville ; corridors pensés comme liens entre les cœurs de nature. De tels corridors peuvent prendre diverses formes : trottoirs végétalisés, voies vertes, aménagement de cours d’eau, de bassins d’orage, toits végétalisés, implantations de jardins (collectifs, partagés, familiaux) à proximité des écoles notamment, implantations agricoles urbaines…

Arborer : la protection de tous les arbres clermontois doit être une priorité, qu’il s’agisse d’arbres classés, des arbres protégés dans les espaces verts ou d’arbres « sauvages » sur des emprises diverses. La municipalité devrait notamment prendre la responsabilité de la gestion des emprises SNCF traversant la ville de Clermont-Ferrand.

Revégétaliser et perméabiliser les sols de façon à permettre une meilleure respiration des sols urbains. Pour cela, un outil : le COS, coefficient d’occupation des sols, ayant disparu avec la loi ALUR (dite loi Duflot) de façon à faciliter la densification urbaine et à limiter l’étalement urbain, il est temps de passer au CBS, coefficient de Biotope par Surface, imposé à tout projet d’aménagement.

Un diagnostic permettrait de cibler les zones les plus en besoin de respiration ; une taxation incitative permettrait de favoriser l’accélération du processus de perméabilisation.

Au-delà des sols, il faudra s’appliquer à faire évoluer les murs et les toits, en envisageant notamment un plan de végétalisation, incorporé au PLU. On estime qu’un écran végétalisé sur un mur engendre une baisse de température de 4°c à 6°c au plus fort de l’été, avec une légère augmentation de l’humidité dans la pièce, pour un écran végétal associé à une façade légère.

Augmenter le coefficient d’albédo : pour toutes les surfaces échappant à la végétalisation, qu’il s’agisse de sols, de toits ou de murs, le choix des matériaux est déterminant, selon qu’ils ont un coefficient d’albédo plus ou moins élevé.

En effet, la couleur, la rugosité et les dimensions des matériaux utilisés pour les sols joue un rôle au niveau thermique. Plus une surface est rugueuse et sombre plus elle absorbe le rayonnement solaire (émissivité nocturne forte).

Là encore, un coefficient d’albedo par surface est envisageable : l’albédo est le rapport de la quantité de lumière réfléchie par une surface à la quantité de lumière incidente. Un objet reçoit de l’énergie lumineuse, il en restitue une partie par réflexion, et il emmagasine le complément (sous forme de chaleur) ; elle est notée en pourcentage.

Dans les villes nord-américaines et européennes, il est de 15 à 30 % (le restant étant absorbé sous forme de chaleur) quand il évolue entre 40 et 60% dans les villes du bassin méditerranéen.

Pour une ville dense, les caractéristiques de réflexion des toits ont le plus d’influence que les surfaces au sol sur l’ albédo global de la ville.

Exemples : Ardoise noire : albédo de 0 à 10%

tuile rouge : albédo de 15 à 30%

toiture verte : albédo de 25 à 40%

Quand la hauteur des bâtiments diminuent, les caractéristiques de réflexion du sol et des murs reprennent de l’importance.

On estime que des matériaux à fort albédo peuvent entraîner une réduction de 15 à 45% de la consommation énergétique nécessaire au rafraîchissement du bâtiment.

Là encore, l’objectif fraîcheur est un objectif concret sur le plan de la transition énergétique.

Par-delà les techniques d’isolation, on peut envisager la recherche de sources de fraîcheur dans le gisement de ressources thermiques locales et renouvelables ; cela passe notamment par le gisement de calories dans le sol via la Géothermie faible profondeur dont le potentiel pour l’agglomération est d’ores et déjà répertorié par une étude du BRGM.

3- Fluidifier la ville – C’est-à-dire la sortir de l’hypertrophie automobile.

Faciliter l’éclosion et la multiplication des mobilités douces et partagées. La congestion automobile et les pertes de temps qu’elle induit provoquent une course effrénée au gain de temps et à l’accélération permanente des rythmes quotidiens.

Dans cette optique, le principe d’un bureau des temps susceptible de gérer les rythmes et les horaires urbains (des administrations aux commerces) selon les situations atmosphériques ou climatiques peut permettre de faciliter la vie des citadins, de limiter le temps perdu et l’utilisation de la voiture.

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Au-delà de tous ces outils, il semble nécessaire de réfléchir à la formulation d’un plan fraîcheur pour lequel l’agglomération de Clermont-Ferrand dispose déjà d’éléments de diagnostic fiables mais jusqu’à présent peu utilisés : Le Plan Air Énergie Climat de Clermont communauté, assorti de son Volet vulnérabilité du territoire au changement climatique, le plan de protection de l’atmosphère, l’étude géothermie du BRGM ( Bureau de Recherches Géologiques et Minières…)

Il est grand temps de ressortir les études et préconisations de ce documents, de les articuler de façon pertinente au sein d’un véritable plan fraîcheur qui ferait partie intégrante du PLU clermontois et d’un Plan d’Aménagement et de Développement Durable à l’échelle de l’agglomération.

En termes de canicule aussi, le changement est urgent.