Un SEL est un système d’échange local. Localisé donc et en retrait des circuits monétaires et financiers habituels. Créés pour faciliter l’émergence d’une économie de la gratuité, presque totalement niée dans le système productif dominant, les SEL ont d’abord fonctionné sur le principe de bourses d’échanges de services et de compétences : réparation en plomberie contre cours d’informatique ; entretien d’une voiture contre cours de cuisine et/ ou préparation de repas…

La valeur permettant d’évaluer chaque service par rapport aux autres est la valeur-temps : chaque service est échangé contre un équivalent monétaire (une monnaie, un grain de riz ou de sel) représentant le temps passé à délivrer ce service. On peut alors le mesurer en minutes ou en heures.

Ainsi se sont constituées des banques du temps comme en Espagne ou des systèmes monétaires alternatifs fondés sur monnaies telles que le Time-dollar aux États-Unis.

Du temps productif au revenu d’existence

La notion de valeur-temps permet de faire émerger et de développer la qualité d’un temps bénévole que le système économique dominant ne traite qu’en reliquat, non seulement du temps de travail mais aussi du temps de loisir.

Elle permet également de rattacher chacun selon ses compétences, à un système d’échanges, en représentant / monétisant la contribution de chacun à la vie d’une collectivité. Au terme de la notion de valeur-temps se tient donc celle de revenu d’existence : la participation à un collectif étant en soi création de richesse en soi, elle génère donc un revenu.

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 Aux échanges de savoir et de services se sont ensuite ajoutés les échanges de biens, produits et/ou recyclés localement. A l’initiative de SEL se sont donc ajoutées les expériences diverses de relocalisation de l’économie, des échanges et de la consommation (AMAP, recycleries…) pour déboucher sur ce mouvement en pleine effervescence, qu’est celui des monnaies locales et complémentaires : la ville de Toulouse s’est par exemple dotée du Sol-Violette, et le pays Basque de l’Eusko.

Relocalisation de l’économie, de la finance, solidarité et économie alternative, face aux impasses durables du système économique actuel, les tentatives locales de résistance / résilience, d’expérimentation et d’imagination / vision – le fameux REV évoqué par le philosophe Patrick Viveret – se multiplient et pollinisent.

Le SEL de Clermont-Ferrand a été créé en 1997 ; trois ans après la première tentative française menée en Ariège. Toujours très actif aujourd’hui, il est partie prenante d’un projet de monnaie locale à l’échelle du département du Puy-de-Dôme. Une démarche à suivre…

 

– La Montagne, édition du 27 février 2013.