Air à Clermont : d’alerte en alerte
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Alors que le gouvernement a lancé son Plan d’urgence pour la Qualité de l’Air (6 février) et que l’agglomération clermontoise travaille à la définition de son Plan de Protection de l’Air (PPA, prévu pour la fin 2013), une alerte à la pollution affectait la capitale auvergnate le 19 février en raison du phénomène classique d’inversion de température. Sur une échelle de 1 à 10, la girafe d’ATMO est montée à 8.

Après un épisode neigeux et perturbé, la célèbre girafe clermontoise reprenait des couleurs et reperdait la tête, mercredi 27 février ; point d’inversion thermique cette fois, de simples conditions anticycloniques. Bref, la pollution de l’air clermontois prend une tournure chronique : d’autant que si les pics sont visibles, le plus dangereux reste l’exposition quotidienne a des taux de pollution inférieurs…

Cette situation pose très clairement la nature des objectifs qu’il va falloir fixer au prochain PPA de l’agglomération clermontoise afin de limiter les polluants atmosphériques et surtout de prévenir ces pics de pollution dus à des phénomènes météorologiques :

– DIESEL : L’alerte aux particules fines ainsi qu’aux divers oxydes d’azote nous interroge sur le parc de véhicules diesel, principale cause de ces émissions polluantes. Or s’il est une grande oubliée du dernier plan d’urgence gouvernemental pour la qualité de l’air, c’est bien cette question de la régulation et de la réduction du parc de moteurs diesel en France. Les particules fines de diesel posent un sérieux problème sanitaire pour lequel la France est en contentieux avec les institutions européennes.

– PRÉVENTION : Aux causes structurelles de la pollution atmosphérique (les émissions polluantes) s’ajoutent les causes conjoncturelles, et notamment météorologiques, de ces fameux pics de pollution. Des mesures de limitation de circulation et de pollution en cas de pic sont évidemment les bienvenues. Mais ne faudrait-il pas se poser la question de la prévention même de ces pics en fonction des prévisions météorologiques ? Quelles mesures préventives en termes de mobilité et d’émissions pourrait-on imaginer pour empêcher ou amortir les pics de pollution que notre agglomération connaît de façon chronique ? Et sans doute serait-il pertinent, afin de voir émerger des propositions innovantes en la matière, d’élargir et d’ouvrir le débat sur la redéfinition de notre Plan pour l’Air, en lançant par exemple un appel public à contributions.

– MOBILITÉ DURABLE : Une véritable stratégie de prévention des pollutions atmosphériques nécessiterait également une gestion souple et cohérente de la politique de transport sur l’agglomération. D’où l’intérêt de développer une AOMD intercommunale (Autorité Organisatrice de Mobilité Durable) afin de faciliter la limitation du recours à l’automobile sans pénaliser les usagers captifs de la voiture !

Là encore, si le plan d’urgence gouvernemental donne la priorité aux AOMD, la question reste entière d’un point de vue législatif.

– INFRASTRUCTURES : Sans doute faut-il également se poser la question de cette passion jamais démentie pour le développement permanent des infrastructures routières sur notre agglomération, de nouveaux kilomètres de route, générateurs de trafic, de pollution et de gaz à effet de serre : élargissement à trois voies de l’A75  et de l’A71 en traversée de l’agglomération, pont sur l’Allier et contournement Sud-Ouest, maintien de trois voies pour les voitures sur les boulevards Jaurès et Cote Blatin…

ÉCONOMIE DE L’USAGE : L’urgence est à l’investissement dans les modes alternatifs au véhicule individuel. Aussi posons la question d’une transition d’une économie de la propriété vers une économie de l’usage, notamment en ce qui concerne nos véhicules : et plutôt que d’investir dans le bitume, impulsons la transition vers les pratiques d’autopartage, de colivraisons, de covoiturage ou de location, etc…

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Au-delà des mesurettes conjoncturelles, le défi de la pollution atmosphérique semble bien nous inviter à l’audace dans tous les domaines : écologiques, sanitaires, sociaux, économiques et urbains. Et ce, sans attendre l’urgence du prochain pic.