Automobile : au cœur de l’absurdie !
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L’engorgement routier n’est pas qu’une vision d’écologiste ; si les bouchons portent nécessairement atteinte à la qualité de l’air en aggravant la pollution émise par les moteurs (par rapport à une situation de fluidité du trafic), ils entraînent également des coûts économiques importants du double fait de la surconsommation de carburant et des pertes de temps engendrées.

Les chiffres sont effarants, comme le révèle une récente étude de l’INRIX, fournisseur leader dans le monde de services d’info-trafic.

La facture annuelle des embouteillages en France s’élève, en 2013, à 17 milliards d’euros en 2013. elle passera à 22 milliards en 2030, soit une hausse de 31 % par rapport à la situation actuelle. [D’ici 2030, l’étude prévoit qu’à l’échelle planétaire, les bouchons coûteront 221 milliards d’euros par an aux économies occidentales soit 70 milliards d’euros de plus qu’en 2013 (151 milliards d’euros).]

Cette évolution serait due à plusieurs facteurs, parmi lesquels :

l’augmentation du parc automobile qui comptera 35 millions de véhicules en 2030, contre 30,8 aujourd’hui,

l’intensification du trafic avec une hausse attendue de 14 % en quinze ans

l’accroissement de la population qui, selon ce même rapport, va augmenter de 7 % (elle passera de 64 millions de personnes en 2013 à 72 millions en 2030)

Par ailleurs, cette évolution aura des conséquences sur l’environnement : entre 2013 et 2030, l’INRIX prévoit une augmentation des émissions de CO2 de 13 % en France !!!

C’est à Paris, où le nombre d’habitants va augmenter de 5 %, que les plus fortes répercussions financières sont attendues. De toutes les villes étudiées à travers le monde, la capitale française détient, en effet, la palme de la hausse des coûts la plus importante avec une progression attendue entre 2013 et 2030 de 51 % contre une augmentation de 45 % à Londres et de 49 % pour Los Angeles. L’impact des bouchons aura un coût de 4123 euros par Parisien à comparer à un coût actuel de 2883 euros.

Pour parvenir à ces résultats chiffrés, les auteurs de l’étude indiquent avoir additionné les coûts directs (carburant gaspillé et temps perdu) et les coûts indirects liés aux dépenses supplémentaires pour se déplacer en cas de bouchons. «Ainsi, le transport de marchandises devient plus onéreux, tout comme les trajets pour se rendre à une réunion professionnelle. Ces hausses sont ensuite répercutées sur les prix des produits de grande consommation», explique INRIX.

La saturation des axes routiers, enjeu politique

Avec cette projection inquiétante dans quinze ans, les responsables de l’INRIX tirent le signal d’alarme : « Si nous ne réagissons pas dès maintenant, la saturation des axes routiers aura de très graves conséquences pour l’économie du pays, les entreprises et les citoyens dans les années à venir. Et si la question semble déjà très préoccupante aujourd’hui, ce sera bien pire encore à l’horizon 2030», souligne Matt Simmons, son Directeur Europe.

L’absurdité des réponses apportées

Pour toute réponse à ce défi de l’engorgement, on ne propose aujourd’hui que la fuite en avant :

– des contournements routiers pour désengorger les agglomérations et fluidifier les trafics jusqu’à ce qu’ils coagulent un peu plus loin, selon la hausse prévue du trafic.

– des bretelles autoroutières pour tenter de gagner les secondes perdues dans les embouteillages, et ce au prix d’une surconsommation de carburant

et d’espace (naturel ou agricole), notamment en zone péri urbaine.

=> l’extension sans fin du réseau routier est à la mesure de l’extension sans fin du parc automobile et routier. Si plus de véhicules appellent plus de routes, plus de routes appellent plus de véhicules et ainsi de suite…

La seule solution viable à terme est d’envisager le recours à des solutions envisageant la limitation et la réduction du parc routier, en faisant évoluer le statut ainsi que les usages et modes d’utilisation de la voiture.