[TE] La transition ou la chasse au gaspi
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Après la sobriété et avant les renouvelables, deuxième pilier de la transition énergétique : l’efficacité. Principe apparemment simple de limitation des pertes et gaspillages, l’efficacité énergétique  a des implications majeures quant à l’organisation territoriale du système post-transition.
A l’utilisation dispendieuse de ressources naturelles sans aucun souci de leur préservation (du fait de l’illusion donnée par l’abondance) s’oppose la recherche systématique de l’efficience / efficacité énergétique. L’efficience est la recherche d’un rapport optimal entre le résultat et les ressources employées et donc la limitation des pertes et gaspillages.
En visant l’efficacité énergétique, on vise donc

  • l’affectation de chaque énergie à son utilisation la plus directe et la plus efficace.
  • la limitation des pertes et des conversions énergétiques (passage d’une énergie à l’autre : du chimique au thermique et à l’électrique pour revenir au thermique, par exemple) : la transformation d’une énergie en une autre forme d’énergie est toujours coûteuse en énergie.

Rendements énergétiques
A chaque conversion, il y a possibilité de « pertes » d’énergie. Cette énergie est dite perdue, ou dégradée (flèches rouges sur le schéma), car non exploitable par la chaîne, comme la chaleur dissipée par des frottements, par exemple. La plus ou moins grande quantité d’énergie perdue définit le rendement et donc l’efficacité de l’opération.

Parler d’efficacité dans le système énergétique, c’est donc tenter de limiter les opérations de conversion énergétique.
Pourquoi, par exemple, passer du chimique ou du nucléaire pour produire de la chaleur (charbon, gaz, nucléaire) qui produira de l’électricité pour produire de la chaleur (chaîne énergétique ultra efficace du chauffage électrique) ? L’efficacité globale de cette chaîne très française est telle qu’elle permet d’absorber le surplus de production électrique du parc électronucléaire en temps normal et de creuser le déficit de la balance commerciale (par l’importation d’électricité allemande) en cas de pic de froid : ou quand l’inefficacité centralisatrice dessert les intérêts de l’État…

Dans le schéma ci-dessous, l’ensemble des flèches verticales orientées vers le haut donnent une idée de l’ampleur des pertes générées par le système énergétique français actuel : un énorme réservoir de négaWatts !!

bilan-energetique-france-2004

Mais pourquoi une telle chaîne ?  Pour le transport de l’énergie, pourrait-on répondre. Si la réponse est contestable, elle soulève aussi d’autres questions :
– celle des pertes électriques en ligne dues à la résistance des conducteurs
– la centralisation excessive du système énergétique – et électrique – français (éloignement producteurs, consommateurs)
Là encore, la question de l’efficacité énergétique après la sobriété, pose celle de l’organisation spatiale et économique du système énergétique. Si la sobriété fait émerger la notion de bassins de vie dans lesquels on définit et hiérarchise des besoins, l’efficacité impose le principe de proximité entre lieux de production et lieux de consommation d’énergie.

Or à cette échelle territoriale et locale, l’illusion de ressources énergétiques infinies s’envole : il faut donc s’appuyer sur l’utilisation raisonnée de ressources locales plus limitées mais rapidement renouvelables. C’est le troisième point du triptyque de la transition.

[A suivre…]