2019 : réconcilier le social et l’écologie
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2019 pourrait être l’année de la réconciliation des urgences écologique et sociale. Ces deux urgences sont la même : c’est l’urgence écologique et climatique, celle de la rareté et des coûts croissants du carbone – à la pompe comme dans les pollutions engendrées – qui fait aujourd’hui craquer de toutes parts un modèle économique et social fondé sur un pétrole pas cher.

La fin programmée des énergies fossiles rend insoutenables l’étalement urbain et la dépendance à la voiture thermique. La crise sociale est l’actualité d’une crise écologique qui elle-même en est le prolongement, à une échelle plus vaste.

Le défi politique qui nous attend est de réconcilier ces urgences. Or cette réconciliation entre le temps de l’écologie et celui du social ne peut emprunter qu’une seule et même voie, celle de la justice sociale et fiscale. Lorsque le système social et économique craque comme aujourd’hui, le sauve-qui-peut profite aux classes aisées qui s’arrogent les derniers privilèges d’un système malade dont ils facturent les soins aux plus fragiles. Cet entre-soi des 0,1 % est insupportable : financiarisation de l’économie, évasion et privilèges fiscaux, maximisation éhontée des profits, cette sécession des élites nourrit un puissant sentiment d’injustice dont les traductions politiques et électorales sont pour le moins explosives.

Le mouvement des gilets jaunes nous le rappelle éloquemment : la question sociale est toujours là. Elle est l’un des aspects de la crise écologique globale : celle de l’usage et du partage des ressources vitales. Telle est aujourd’hui la question politique centrale, celle que nous ne pouvons plus éluder en 2019.

Dominique Rogue-Sallard, Nicolas Bonnet, Odile Vignal