A Clermont, nous avons parié sur les abeilles ; nos zélés hyménoptères nous le rendent bien. En 2010, sous l’impulsion d’Odile Vignal, adjointe EELV à l’écologie urbaine, six ruches ont été implantés ans le cadre du partenariat « L’Abeille, sentinelle de l’environnement » (signé avec l’UNAF, Union Nationale de l’Apiculture française). Depuis, les quantités de miel produit ne cessent de croître. Le 22 juin prochain, les essaims clermontois seront à l’honneur, lors de la journée Apidays.
Malgré un printemps des plus médiocres, les six ruches clermontoises débordent de miel avec une production de près de 30kg chacune. Décidément, l’abeille des villes a le vent en poupe. Quand la métropole ne jure plus que par la «compétitivité» du territoire, les ruches constituent d’ores et déjà de vraies colonies d’emplois à forte valeur ajoutée !! Et les creusets d’une économie intensive en biens communs : air, eau, biodiversité…
Dans un secteur où la consommation française est de 40 000 tonnes par an contre une production en baisse régulière – 16 000 tonnes contre 25 000 en 2004 !!! -, l’abeille des villes contribue à sa manière à la relocalisation de la production, travaille à la construction de circuits courts ainsi qu’à l’amélioration de la balance commerciale française…
Mais la valeur ajoutée des ruches clermontoises n’est pas strictement productive. Elle est aussi environnementale et pédagogique. Ouvrières de la symbiose entre la ville et le vivant, les abeilles requièrent une haute qualité environnementale de l’espace urbain ; la prospérité des ruches est ainsi un excellent marqueur de la présence et du traitement des pollutions en ville. Elles exigent également un niveau élevé de biodiversité et de diversité florale.
Aussi passer un contrat avec les abeilles via un programme tel que « L’abeille, sentinelle de l’environnement », c’est engager sa ville sur la voie d’un pacte avec le vivant.
La ville, havre de paix pour les abeilles
Si les ruches clermontoises sont des plus prospères, les campagnes et les espaces de grande culture connaissent un syndrome d’effondrement des colonies. En cause : pollution, ondes électromagnétiques, prédateurs et surtout pesticides… L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a reconnu la nocivité des pesticides dits néonicotonoïdes en janvier dernier. Cependant les mesures envisagées par la France et la Commission européenne semblent encore très loin d’être satisfaisantes : elles sont limitées dans le temps (2 ans) et dans l’espace (les interdictions envisagées ne portent que sur quelques cultures : maïs, colza, coton, tournesol).
Les milieux urbains tendent alors à devenir de véritables havres de paix pour ces insectes pollinisateurs qui y retrouvent de la variété florale et des conditions de vie plus clémentes.
Quelques chiffres
L’abeille et les insectes pollinisateurs représentent par leur action :
- la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales ;
- la production de plus de trois quarts des cultures dans le monde
- la majorité des cultures fruitières, légumières, oléagineuses et protéagineuses, de fruits à coques, d’épices et de stimulants (café, cacao) ;
- 35 % de la production alimentaire mondiale en tonnage ;
- 10 % du chiffre d’affaires de l’agriculture mondiale ;
- 153 milliards d’euros par an ;
- 20 000 personnes en France dans la filière apicole (miel et autres produits de la ruche), dont 2 000 apiculteurs professionnels ;
- 98 000 éleveurs amateurs en France.
Une journée Apidays
Samedi 22 juin, une journée Apidays (10h-16h) aura lieu à l’ Espace Victoire dans le cadre de l’opération nationale lancée par l’UNAF.
Au programme : extraction, mise en pot par les apiculteurs et dégustation du miel de la Ville de Clermont, jeux pédagogiques sur l’abeille animés par les apiculteurs du Syndicat départemental et des animateurs de la Direction de l’Animation de la jeunesse et des loisirs (DAJL) de la Ville. Quiz sur l’apiculture et sur la vie de la ruche.
Projection en début d’après-midi du documentaire, Le mystère de la disparition des abeilles, de Mark Daniels (le plus grand taux d’audience de la chaîne en 2010).
