Métropole, métropole, mais quelle métropole ? (1)
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Projet de loi de Modernisation de l’Action Politique et d’affirmation des métropoles, premier volet de l’acte III, rejet au sénat de la Métropole du Grand Paris… L’actualité ramène la notion de métropole au coeur des débats sur la décentralisation et l’organisation des pouvoirs territoriaux.
En Auvergne, le tissu urbain a beau ne pas répondre aux exigences du plancher recevable pour la constitution d’une métropole (400 000 habitants), la tentation est là, floue et fantasmatique, comme ce vieux serpent de mer giscardien d’une plaque urbaine courant de Brioude à Vichy, le long des Limagnes et du Val d’Allier. Après tout, l’Auvergne n’aurait-elle pas tout d’une grande ?


Il est aujourd’hui question d’une plaque urbaine Clermont – Riom – Vichy dont l’émergence est réelle, tant sur les mobilités, les ressources que les enjeux écologiques.
Mais qu’une métropole puisse émerger ou non en Auvergne, il convient avant toute chose d’en interroger la pertinence. Car reconnaissons-le, si le débat politique commence à peine à se cristalliser sur ces enjeux, force est de constater que la notion reste pour le moins floue. Floue dans sa définition, tant que le texte de loi ne sera pas adopté. Floue dans les projections qu’elle suscite auprès de certains élus, et notamment en Auvergne où elle fait l’objet de débats plutôt passionnels : si elle séduit les édiles des plus grandes villes de la plaque urbaine, elle est refusée par le président du Conseil régional comme par les élus des zones plus rurales ou périphériques à la zone urbaine (le conseil général de l’Allier par exemple).

 L’émergence de la question métropolitaine repose sur un constat et une ambition :

 

  • Un constat – Si la fracture territoriale, superposée à la fracture sociale, est aujourd’hui presque devenue un lieu commun, la crise de 2008 nous a révélé un phénomène neuf : jusqu’à présent, les territoires périphériques – les moins en prise sur la globalisation et les échanges – avaient toujours su mieux résister aux crises que les territoires urbains et métropolitains, grâce notamment à la redistribution nationale. Depuis la crise de 2008, puis celle des dettes souveraines, on note le contraire. Les grandes métropoles urbaines sont les seuls territoires à tirer leur épingle du jeu, à innover, à engranger de la croissance, économique et démographique.

L’économie du pays a été tirée par les locomotives que sont les grandes villes ouvertes sur l’Europe et le monde. Jusqu’à présent, en période de crise, les wagons avaient tendance à passer devant les locomotives. Désormais, les locomotives restent durablement en tête ; et ce au détriment de territoires périphériques qui, du fait de l’érosion des flux de redistribution nationale, essuient de plein fouet la montée d’un puissant sentiment d’abandon.
Cette montée des inégalités territoriales est-elle si surprenante ?

 –N’est-ce pas déjà le cas dans la zone monétaire unifiée de l’euro, où les flux de capitaux et d’investissements productifs prennent la direction des zones les plus centrales et les plus rentables ? En gros l’Allemagne au détriment de la Grèce ?

 – N’est-ce pas d’ailleurs un phénomène attendu, et disons naturel, en période de crise énergétique, alors que nous entrons dans une ère de rareté des ressources ?

 

En effet, la recherche d’une croissance soutenue dans un contexte de ressources limitées peut se formuler de la sorte :
Vouloir toujours plus (croissance) avec toujours moins (ressources) = toujours plus (croissance – ressources) pour toujours moins (territoires – individus).
Ce qui signifie très précisément un creusement des inégalités sociales et territoriales.

 

  • Dans ce contexte, la tendance naturelle à la métropolisation est plus un symptôme qu’une panacée. La panacée, quant à elle, se décline en une triple ambition dans le discours métropolitophile.

 

[A suivre…]

 

– Métropole : une soif de croissance (2)

 

Métropole : du géant au vivant (3)