Après les difficultés de la libraire Papageno, le petit monde du livre clermontois est à nouveau frappé par la menace de fermeture concernant la librairie des Volcans. Le réseau de librairies Chapitre auquel elle appartient a été placé en liquidation judiciaire le 2 décembre dernier.

Si certaines librairies du groupe ont trouvé preneur, ce n’est pas le cas des Volcans, pourtant l’un des cinq meilleurs chiffres d’affaires du réseau Chapitre.

La librairie devait initialement cesser son activité aujourd’hui, mardi 7 janvier. Le tribunal de commerce de Paris a repoussé l’échéance afin de laisser un peu de temps et de chance à une éventuelle reprise. Une deuxième vague de dépôts de candidatures à la reprise doit intervenir le 10 janvier.

La pétition de soutien a déjà recueilli plus de 4800 signatures.

Une manifestation est également organisée ce mardi 7 janvier à partir de 18h30 devant la librairie.

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Cette actualité de la librairie clermontoise pose trois questions complémentaires :

• Une question générale et nationale concernant l’économie du livre, et plus largement des produits culturels, frappée de plein fouet ces dernières années par la « révolution numérique », celle des supports, de la diffusion et des modes de consommation.

Cumulée à la hausse de la TVA sur le livre, passée de 5,5 % à 7 % en 2011.

Et ce, malgré une exception française, qui avec le prix unique du livre ou les diverses politiques de soutien au monde de l’édition, permet d’atténuer les chocs du marché.

Se pose donc aussi la question du modèle industriel de diffusion représenté par Amazon, la société de Jeff Bezos et ses 48 milliards de chiffre d’affaire, dont des territoires en mal d’emplois subventionnent massivement l’installation en France [En 2012, 1,125 million d’euros d’aides publiques lui seront attribués par le Conseil régional de Bourgogne, soit 3 400 euros par CDI].

• Une question locale en écho à la première : faut-il se résoudre à l’étiolement du commerce diffus et de proximité à Clermont-Ferrand alors que l’on vient à peine de célébrer en grande pompe, l’ouverture de l’hyper centre commerçant du Carré Jaude II ?

La réponse est bien évidemment non. Le maillage commerçant du tissu urbain clermontois est une nécessité pour la qualité de vie des quartiers

mais aussi pour la qualité des services, des produits et de l’accueil offerts. La diversité et le nombre des commerces de proximité sont un gage de résilience et de qualité.

• Une question culturelle : quelle place reste-t-il à la découverte, à l’invention, bref à l’édition indépendante et pionnière si on la prive progressivement des seuls espaces et des seuls relais nécessaires à sa visibilité ? A quoi le système de subventions du Ministère (via le Centre Nationale du Livre, les CRL, centres régionaux, notamment) servira-t-il si la production d’ouvrages de qualité ne trouve plus le tremplin nécessaire pour se diffuser ?

Le contact au livre, à la lecture, à un média ‘non immédiat’ et bien moins accessible que le cinéma ou la musique grands publics nécessite un accompagnement public dont les principes restent nationaux mais la déclinaison, très locale, communautaire et municipale. Une politique de soutien aux libraires indépendants doit constituer l’un des axes structurants de toute politique culturelle municipale [L’inspection des Finances a d’ailleurs reconnu dans un récent rapport la part de la culture dans le PIB français – plus de 3%, soit 7 fois plus que l’industrie automobile -, soit 57.8 milliards d’euros pour un peu plus de 20 milliards de dépenses publiques]

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En tant que fleuron du réseau de librairies Chapitre, Les Volcans a toute sa place dans le monde des librairies clermontoises. Toutes les pistes doivent donc être creusées en direction d’une reprise viable de cette entreprise.

Pour un établissement de cette taille, il semble même qu’une reprise en SCOP ( Société Coopérative) par ses propres salariés soit possible. Un tel changement de statut et le recours aux structures de l’ESS permettrait

• d’éviter une exploitation éhontée de la ‘rente’ représentée par une telle librairie, situation d’ailleurs dénoncée par les salariés stigmatisant le groupe Actissia, propriétaire de Chapitre qui, selon eux, « n’a eu de cesse de privilégier les actionnaires au détriment de l’activité : rachats, réorganisations, erreurs stratégiques en tout genre. » [Source : Cyberbougnat].

• de garantir une gestion de proximité et de long-terme dans l’intérêt des coopérateurs – salariés et des clients.

Même si l’on peut regretter l’inexistence d’un fonds d’aide à de telles reprises à l’instar de ce qui existe déjà chez nos voisins de Rhône-Alpes [Transméa, 1ere société de capital-risque consacrée à la reprise d’entreprise par les salariés] la prochaine loi sur l’ESS (avril 2014) apportera la crédibilité et la reconnaissance nécessaires à de telles opérations.

A suivre donc…

 

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En attendant, pour aller plus loin :

Rassemblement pour sauver la Librairie des Volcans

Les salariés et un certain nombres d’associations, invitent la population à venir le plus largement possible à la Librairie
Les Volcans (Boulevard François Mitterrand face à la Maison de la Culture)
le mardi 7 janvier à18h30
pour participer à un rassemblement

Pétition toujours en cours à faire circuler et qui peut être signée sur place

Sauvons la librairie LES VOLCANS D’AUVERGNE, sauvons les emplois des libraires, disquaires et papetiers
C’est aussi défendre le droit à la culture….!