L’Hôtel-Dieu au coeur de Clermont
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Alors que l’histoire s’emballe et que les déclarations ronflantes se multiplient sur le dossier de l’Hôtel-Dieu, les élus écologistes de Clermont-Ferrand rappellent les principes qui ont présidé à leur position et votes lors des épisodes précédents. Sans doute est-il utile d’en revenir à ces principes de base pour mettre un peu de fond à un débat devant déboucher sur une décision cruciale pour le coeur de la ville.

Au cœur de l’opération d’urbanisme, se tient l’objectif suivant : rendre aux Clermontois les 5,2 hectares du site de l’Hôtel-Dieu, situé en plein coeur de ville. Pour les écologistes, il est impératif que la municipalité reprenne la main dans ce dossier afin de promouvoir une vision durable, douce et moins dense du centre de Clermont.

Au mois de janvier 2013, un compromis de vente était signé entre le CHU, propriétaire du site, et un groupement de promoteurs privés pour un montant de 25 millions d’euros. Le projet sous-tendant cet accord était un projet d’investissement foncier et immobilier portant sur au moins 69 000 m2, surface rendue possible par le POS actuel (celui de 1999, portant la hauteur constructible à 28m). Le compromis de vente contennait néanmoins une clause suspensive liée à un mininum de surfaces à utiliser, soit 69 000 m2. Or une révision du POS abaissant la hauteur constructive de 6 mètres ne libèrerait plus que les 55 000 m2 existants, rendant ainsi caduc l’accord CHU – promoteurs privés.

Il apparaissait alors urgent et absolument nécessaire de s’opposer à un projet qui aurait eu pour conséquence de densifier un coeur de ville déjà très dense, notamment après des projets tels que le Carré Jaude 2.

Patrimoine architectural et espace central de liaison entre la Place de Jaude et les quartiers universitaires, le site de l’Hôtel-Dieu est un bien commun des Clermontois dont l’aménagement doit être l’occasion d’une réflexion sur l’avenir de notre ville. En effet, les options concernant cet espace impacteront à long terme la gestion de l’espace et de la mobilité dans notre ville.

Pour les écologistes, le choix est clair, Clermont doit se donner les moyens

– de décloisonner son espace urbain

– de développer des espaces de « décélération », non exclusivement consacrés à la circulation et à la consommation

– de laisser de la place aux transports doux, marche et vélo.

de préserver et d’étendre des zones de biodiversité en coeur de ville.

Aussi le prochain aménagement du site de l’Hôtel-Dieu doit-il se fonder sur quelques principes cardinaux :

1 – Le maillage vert de la butte cathédrale : dans le cadre urbain global de la ville de Clermont-Ferrand, le site de l’hôtel-Dieu serait le pendant du jardin Lecoq en termes de poumon vert en centre-ville. Il apparaît en effet souhaitable de rééquilibrer la butte cathédrale sur son second flanc (ouest) en aménageant un parc public, relié au premier par des trames piétonne et cyclable. On verrait ainsi émerger une liaison « verte » est-ouest entre le centre-ville, la butte et le quartier universitaire, dans l’axe notamment d’une allée du Puy, véritable perspective ouverte sur la chaîne des Puys. De l’autre côté, ce chantier central permettrait de penser aux liaisons nord-sud entre la cité universitaire, l’école d’art, la future scène nationale et le coeur historique de la ville, via notamment, le quartier Kessler – Rabanese, lui-même dans un projet de rénovation.

Il s’agirait en outre de planter pour rafraîchir et de lutter ainsi contre l’îlot de chaleur du centre-ville ; et de planter pour respirer, en créant et densifiant un poumon vert censé absorber les émissions de CO2.

2 – L’installation d’équipements publics de portée métropolitaine, tournés notamment vers le savoir et la lecture : sont d’ores et déjà prévus dans le projet municipal alternatif au projet privé, une grande médiathèque du bassin clermontois ainsi qu’une bibliothèque numérique universitaire.

3- Un véritable partage de l’espace public : si l’un des objectifs est la réouverture urbaine de ce site longtemps fermé sur lui-même, la question du partage de ce nouvel espace doit être également posée. Notamment sur le plan de son occupation et de l’offre de logement qui sera proposée : cette opération de réaménagement doit être l’occasion d’implanter sur le site du logement social de qualité.

Et si la question de la réappropriation de l’espace public par les Clermontois est aussi celle de l’agora en tant qu’espace de participation citoyenne, ce site pourrait également accueillir une maison des citoyens afin de renforcer le développement de la démocratie de proximité à Clermont-Ferrand.

Un aménagement durable du site de l’Hôtel-Dieu représente une importante opportunité de penser et préparer un avenir durable pour le centre de Clermont. Une occasion à ne pas manquer.

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Pour aller plus loin :

Changer la ville à Clermont-Ferrand