[TE] Les clefs de la transition : sobriété, efficacité, renouvelables
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A toute crise, des opportunités. La crise climat – air – énergie n’échappe pas à la règle, elle qui offre celle de la transition. A condition, bien entendu, de prendre l’exact contrepied des trois logiques sur lesquelles elle prospère : à la triple logique de ressources, de gaspillage et de stocks (voir ICI), il convient de répondre par le triptyque des scénarios de transition, sobriété, efficacité et énergies renouvelables.

Une question de sobriété

A rebours de l’illusion d’une énergie infiniment abondante, il faut apprendre à penser la sobriété. Il s’agit là d’une authentique révolution copernicienne : ne plus concevoir le système énergétique en partant des ressources mais en partant des besoins et en les hiérarchisant.

Les besoins fondamentaux en énergie se répartissent entre les besoins en chaleur, en électricité spécifique [électricité non affectée à la production de chaleur] et en mobilité [transports], ici à droite sur ce schéma. En partant de l’expression de ces besoins, on évalue une demande finale puis les vecteurs qui la relient à une quantité d’énergie primaire. [Source : scénario NégaWatt 2011]

Négawatt démarche

Au schéma classique :

Énergie bon marché / apparemment sans limite production / croissance recherche de nouveaux marchés création de besoins

on substitue alors un schéma de sobriété :

Hiérarchisation des besoins Quantité d’énergie nécessaire Flux d’énergie renouvelable

Isolation et NégaWatts

La sobriété ou maîtrise de la demande en énergie (MDE) apparaît donc comme une fonction essentielle de la production d’énergie dans le système post-transition : les opérations d’isolement et de rénovation thermique des bâtiments, la gestion de la sobriété feront donc partie intégrante du service de production énergétique. Pour percevoir la continuité entre isolation et production d’énergie, il faut concevoir l’isolation elle-même comme une production d’énergie : et de fait, elle produit un autre type d’énergie, celle que l’on ne consomme pas, le négaWatt [dit encore cinquième combustible].

Un gisement d’énergie propre et constant sur lequel les experts du scénario négaWatt fondent les deux tiers de leur démarche pour la transition : pour se passer du pétrole et du nucléaire en 2050 et ne recourir qu’aux renouvelables (31% de la production d’énergie primaire + 2 % résiduels en fossiles), il faudrait compléter le bouquet énergétique avec 67% de négaWatt, soit 67 % d’économies réalisables

à 18% sur le front de la sobriété et de la maîtrise de la demande énergétique

et à 49% sur celui de l’efficacité et de la lutte contre le gaspillage énergétique.

Ci-dessous, deux schémas présentés par l’association négaWatt : le schéma tendanciel de consommation énergétique pour la France à l’horizon 2050; et le schéma transitionnel (à droite). Dans ce dernier, la partie beige et brune représente la quantité de négaWatts produite à l’horizon 2050, soit le total des économies d’énergie réalisées (à la fois en sobriété et en efficacité). La partie grise des pertes à la production est essentiellement due à l’industrie nucléaire, dont le scénario envisage la sortie à l’horizon de la décennie 2030.

NégaWatt scén

 

Penser la sobriété implique donc immédiatement d’aborder les deux autres volets du triptyque : efficacité et renouvelables.

 

[ A suivre…]