[TE] L’énergie au coeur de la crise (2)
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La croissance de l’activité économique dépend étroitement de la quantité d’énergie dont dispose une économie [Voir le premier volet de cette série]. Qu’advient-il si cette quantité d’énergie disponible n’est plus elle-même en mesure de croître ? Les conditions d’une crise majeure du mode de développement se mettent en place. Précisions.

On s’aperçoit [voir le grahique ci-dessous] que si la quantité d’énergie disponible par personne a cru de près de 3% par an entre 1890 et 1980, cette quantité a atteint un plateau depuis le deuxième choc pétrolier, et ce, notamment pour les pays les plus développés (la légère reprise des années 2000 étant due au décollage de pays émergents tels que la Chine, avec une utilisation massive du charbon notamment). On note également que l’explosion de la quantité d’énergie disponible entre 1940 et 1980 correspond principalement à l’explosion de l’offre de pétrole comme à la période économique faste dite des « Trente Glorieuses ».

Q ener

[Source : Jean-Marc Jancovici – Quelques réflexions sur la transition énergétique]

Les raisons de cette stagnation depuis les années 1980 sont multiples : 

  • la croissance de la population mondiale,
  • la globalisation et l’émergence « économique » [et donc énergétique] de nouveaux pays
  • l’utilisation d’énergies de stocks, et donc finies (les hydrocarbures).

Au final, cette stagnation de la quantité d’énergie disponible par personne correspond à la fin d’un monde où l’abondance énergétique était réservée à une minorité de la population mondiale (celle des pays industrialisés).

Attendre la croissance ou changer de modèle ?

Or si la croissance du revenu par personne (PIB/personne) dépend de la quantité d’énergie disponible et que celle-ci stagne, le maintien du niveau de vie dans les pays développés dépendra des systèmes de redistribution créés par ces pays avant les années 1970. Et lorsqu’un système redistribue des revenus qu’il ne produit plus, il est obligé de vivre à crédit : il s’endette, génère des bulles financières qu’il entretient jusqu’à l’éclatement, à la crise puis procéde à un réajustement socialement brutal et injuste sous forme de cures d’austérité drastiques : un enchaînement fatal dont nous n’arrivons plus à sortir depuis 2008.

Dans le même temps, cette même stagnation des quantités d’énergie disponible par habitant rend problématique une sortie de crise par la croissance de ces mêmes quantités d’énergie et donc par un surplus de croissance économique.

La seule alternative à la crise s’impose donc comme celle de la transition vers un autre système énergétique. La question de la transition énergétique est donc posée : mais comment la penser, la construire et l’amorcer ?

Telles sont les pistes que nous nous proposons de creuser dans le cadre de ce dossier consacré à la question énergétique.

[A suivre…]