L’arbre en ville : ne pas scier la branche
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Nouveau plan d’urbanisme, efforts de végétalisation, trames vertes et bleues… la biodiversité et la nature font une entrée progressive et irréversible en ville. L’arbre est un élément-clef de cette reconquête de la nature en ville.

Si Clermont-Ferrand œuvre à l’élaboration d’un nouveau pacte entre l’urbain et la nature, alors il est incontournable de chercher à élaborer une charte de l’arbre en ville.

Une charte de l’arbre en ville, pourquoi ?

Recoudre la nature et la ville, c’est aussi pouvoir donner à l’arbre toute sa place en ville, et pas seulement dans les parcs pour les essences considérées comme les plus « nobles » ou exotiques.

L’arbre est un bien commun dans nos villes au coeur de cette continuité recherchée entre ville et nature ; il est source de nombreuses « aménités » (bienfaits) :

  • Les arbres sont des acteurs majeurs de la lutte le dérèglement climatique. Mais aussi de la lutte contre les pics de chaleur urbains, de plus en plus fréquents : ils sont pourvoyeurs d’ombre mais aussi et surtout de fraîcheur, par leur respiration, dans des milieux urbanisés et trop minéralisés absorbant trop de chaleur pour la restituer la nuit.
  • Les arbres sont aussi des havres de biodiversité, végétale et animale.
  • Ils agissent également comme filtres de notre environnement et notamment de la pollution ambiante dans l’air de nos villes.
  • Ils peuvent constituer une ressource économique, tant en termes de biomasse (bois et feuillages) qu’en termes agricoles et alimentaires via leurs espèces fruitières, de plus en plus souvent plantées en ville de nos jours.
  • Enfin, au-delà de la stricte utilisation ornementale, les arbres, forment une ressource paysagère de tout premier plan, un élément fort de la qualité du cadre de vie urbain.

Durant des millénaires, l’arbre fut l’un des piliers de l’économie rurale et agricole ; il le sera demain de la transition urbaine et écologique que nous devons engager aujourd’hui.

Comment réconcilier l’arbre et la ville ? De deux façons complémentaires :

a- Rompre avec les seules considérations esthétiques : un arbre n’est pas un ornement mais avant tout un être vivant.

Il nous appartient donc de le soigner pour lui assurer un développement viable et durable, ne pas le fragiliser et en rendre la population prospère.

Il nous appartient de développer une politique de l’arbre tenant compte de tous les aspects vertueux mentionnés ci-dessus, et non plus d’une politique de plantation et de taille le plus souvent dis-harmonieuse. Politique dans le cadre de laquelle la taille n’est envisagée que d’un point de vue ornemental et géométrique

Les exemples ne manquent pas à Clermont-Ferrand de gestion hasardeuse du patrimoine arboré, dans les rues, les jardins privés ou les zones d’activité, l’amputation de certains arbres résolvant moins les problèmes qu’ils ne fragilisent les arbres.

Exemple 1 : La gestion du patrimoine arboré du parc technologique de la Pardieu offre un exemple de ce qu’une gestion, qui n’en est pas une, débouche sur des tailles catastrophiques pour la santé et la forme des arbres. Ainsi taillés par des opérateurs privés sans aucun respect des normes arboricoles de base, ces arbres connaissent un vieillissement accéléré ainsi qu’une fragilisation accrue.

(Source : collectif « arbres citoyens »)

Il semblerait donc utile de travailler à l’élaboration d’une charte de l’arbre, de ses rôles et de l’entretien qu’il exige en ville afin de

– ne plus en fragiliser les populations,

– d’en promouvoir une gestion harmonieuse à l’échelle de la ville

Elle pourrait également constituer le socle d’un plan de sensibilisation aux rôles de l’arbre et aux soins qu’il requiert.

b- Gérer la complexité des contraintes liées à l’arbre et qui sont, en définitive, celles de la biodiversité en général.

Si l’arbre est un havre de biodiversité pour les espèces naturelles (insectes, oiseaux…) il est susceptible également de devenir une source de difficultés pour les populations avoisinantes.

Il semble donc déterminant d’apprendre à en confronter les aménités et les désagréments afin d’envisager la meilleure façon de cohabiter avec les arbres en ville.

Exemple 2 : il est regrettable d’avoir à élaguer les platanes de la place des Salins pour éviter la nidification des populations de corbeaux quand cette opération fait moins tomber de nids qu’elle n’offre de sites nouveaux pour que nichent les corvidés. Bilan de l’opération : les arbres sont mutilés – et fragilisés – et les corbeaux, encore mieux implantés.

(Source : Collectif « Arbres citoyens »)

Conclusion – Si l’arbre est un bien commun pour l’ensemble des habitants d’un quartier, au travers des bienfaits qu’il procure, il semble essentiel d’apprendre à en réguler les « usages » de la façon la plus partagée et la plus durable. En échappant à la simplicité des solutions toutes faites et en conservant la mémoire des vertus qui sont les siennes.

Aussi une charte de l’arbre pourrait-elle se fonder :

  • sur la mention des bienfaits de l’arbre (et de la nature) en ville
  • ainsi que sur celle des procédures techniques et décisionnelles liées à la régulation de leur population.

Enfin, cette charte pourrait comprendre et/ou déboucher sur une dimension éducative forte autour de l’arbre et destinée à l’ensemble de la population.