La fin d’un système
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Si le mouvement des « gilets jaunes » exprime un ras-le-bol fiscal, il est avant tout le symptôme d’un échec de notre modèle de développement territorial. Un modèle d’accumulation de richesses si inégalitaire qu’il ne fut socialement acceptable et durable que du fait d’un accès peu onéreux à l’énergie puis au foncier.

C’est-à-dire à ce gaspillage de ressources vitales que constitue un étalement urbain où chacun retrouvait son intérêt : accédants à la propriété, communes périurbaines regagnant des habitants, secteur du bâtiment et automobile trouvant des perspectives de croissance, etc. Dans notre métropole, ce système est si puissant qu’il commande toujours de nouveaux projets – élargissement de l’A75, pont sur l’Allier – appelant eux-mêmes la ‘colonisation’ de terres plus lointaines et un sucroît de déplacements…

Sauf que les ressources s’épuisent et que ce modèle s’effondre : les « gilets jaunes » nous rappellent qu’avec un pétrole et des sols de plus en plus rares et coûteux, la proximité des centres et des services s’éloigne irrésistiblement, les laissant pris au piège de ce qui était un projet de vie.

La taxe carbone n’est certes pas LA solution à une telle impasse ; surtout si ses recettes ne sont pas affectées à l’accompagnement des personnes et des territoires les plus impactés par les crises écologiques. La fiscalité écologique, par contre, reste l’un des outils pertinents de la transition ; à deux conditions : que cette transition fasse sens pour l’ensemble de la population et qu’elle soit surtout juste et sociale. Ici, le défi démocratique de la concertation reste entier. Sans quoi nous compromettrons définitivement les chances de toute transition, comme celles d’un projet d’avenir crédible pour notre métropole.

Nicolas Bonnet, Odile Vignal, François Saint-André, Dominique Rogue-Sallard