IKEA, c’est aussi ça
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Des « violations du droit syndical et du droit du travail ainsi qu’une attitude anti-syndicale dans de nombreux pays » : le rapport rédigé par Uni Global Union sur Ikea, que s’est procuré LeMonde.fr (en pdf), est sans appel. Selon la fédération internationale de syndicats, qui affirme avoir réalisé des études et des recherches dans les magasins Ikea implantés dans le monde entier, le groupe suédois de distribution de meubles pratique une politique hostile aux syndicats généralisée, en dépit de quelques « bonnes pratiques » qui restent isolées.

Alors qu’ils se croisaient auparavant par hasard, au gré de réunions internationales, les employés et les syndicats de quatorze pays différents se rencontrent depuis mardi 6 mars à Istanbul, en Turquie, sous l’égide d’Uni Global Union. Leur objectif est de créer une alliance syndicale internationale afin « de promouvoir de bonnes conditions de travail » pour les 131 000 employés d’Ikea des 41 pays différents, explique Rachel Cohen, directrice de la communication à Uni Global Union. « Le but est aussi que les employés et les leaders syndicaux partagent leurs informations », notamment en termes de droit syndical, ajoute Rachel Cohen.

Cette rencontre s’inscrit dans un contexte social houleux, à la fois en Turquie et en France. La tenue de la réunion à Isbanbul constitue en effet un symbole : Ikea Turquie refuse la reconnaissance du syndicat Koop-Is Sendikasi, dénonce Uni Global Alliance. « La direction exerce des menaces et a recours à l’intimidation (…), elle fait de plus en plus pression sur les salariés qui tentent de rejoindre ce syndicat », rapporte Rachel Cohen.

« LICENCIÉ POUR SES ACTIVITÉS SYNDICALES »

Un employé syndiqué accable la direction, qui l’aurait licencié pour ses activités syndicales. « Tous les employés d’Ikea portent les mêmes vêtements, vendent les mêmes produits et servent les mêmes boulettes de viande. Nos problèmes, nos exigences et nos objectifs sont les mêmes. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous unir et de coopérer », affirme le président de Koop-Is Sendikasi sur le site Internet Uni Global Union. « Les magasins de Turquie sont dirigés par des franchises et n’appartiennent donc pas au groupe Ikea », se défend la direction internationale du groupe, interrogée par LeMonde.fr.

En France, Ikea est accusé par le Canard enchaîné d’avoir procédé à la surveillance de salariés et de clients. Une pratique qui était connue de la direction, selon l’hebdomadaire satirique et Mediapart. Mercredi 7 mars, l’ancien directeur général France et une ancienne DRH ont été placés en disponibilité. Quelques jours plus tôt, une plainte contre X a été déposée par le syndicat Force ouvrière, dont de « nombreux membres craignent d’avoir été espionnés », rapporte Christophe Le Comte, secrétaire adjoint à la section commerce de la Fédération des employés & cadres du syndicat.

Dans ce contexte, « cette réunion est une séance de thérapie, commente Christophe Le Comte, cela permet de voir qu’il existe une démarche d’Ikea qui n’est pas en faveur des syndicats et que cela ne concerne pas que la France ». Le représentant syndical raconte avoir rencontré des responsables syndicaux d’Espagne et de Belgique ponctuellement, lors de précédentes réunions syndicales internationales qui n’étaient pas spécifiques à Ikea.

Ses confrères lui faisaient alors déjà part « de difficultés de dialogue », notamment sur le travail dominical. Avec la création d’une alliance internationale, Christophe Le Comte espère qu’un « droit syndical propre à Ikea soit mis en place », et que « la liberté de s’organiser en tant que syndicat et leur rôle dans les négociations collectives » soit clairement affirmés.

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Flora Genoux

[Source : Le Monde.fr | 08.03.2012]