Grand Stade : quelles sont les priorités ?
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Dans le contexte actuel, le projet de Grand Stade à Clermont est à la fois cher et secondaire. Serpent de mer de l’aménagement clermontois, ce projet d’aménagement sportif refait aujourd’hui parler de lui avec une proposition de pré-études lancée le 15 février dernier dans le cadre de Clermont Communauté : 120 000€ pour l’étude-programmation, avant 2014, d’un stade de 30 000 places ; étude devant déboucher sur le lancement des appels d’offre en 2014. Sur le vote qui a suivi le débat, vendredi dernier, les élus écologistes de l’agglomération se sont abstenus.

Le projet 

Il existe aujourd’hui deux stades susceptibles d’accueillir des compétitions d’envergure à Clermont : le stade Marcel Michelin (privé) qui compte 17 500 places et le stade Gabriel Montpied (public, communautaire) qui compte à ce jour 10 500 places.

Selon les acteurs sportifs locaux et nationaux, l’accueil de manifestations sportives d’envergure internationale (et nationale) suppose l’extension de la capacité d’accueil du stade Montpied à au moins 20 000 places ; au mieux 30 000.

Porté par la majorité communautaire, le scénario de 30 000 places est aussi conçu comme un équipement incontournable pour une agglomération cherchant à se positionner en métropole attractive du coeur de la France.

Le coût

L’investissement total se situerait dans une fourchette de 40 à 60 millions d’euros. La majorité communautaire évoque un important soutien départemental et régional sur ce projet ; il reste, pour l’instant, hypothétique. Ainsi que la vente de droits à construire autour du site (pour quels équipements ?) sur plus de 70 000 m2, et ce, afin de réduire la charge d’investissement.

Au strict coût financier vient s’ajouter le coût environnemental en termes d’emprise foncière sur des terres non construites, d’intensification du trafic routier et de pollution.

 

Des choix stratégiques  

Mais le débat de fond porte sur la vision stratégique de l’avenir du territoire et de l’agglomération. Quelles sont les priorités pour l’investissement que se fixe Clermont Communauté ?

L’avenir du territoire passe-t-il par sa seule attractivité métropolitaine ? Ou bien aussi, et sans doute surtout, par sa résilience aux crises (économiques, écologiques) ? La question qui se pose ici est bien celle d’une vision pour la future métropole auvergnate, métropole d’usage vouée au développement endogène du territoire, ou métropole d’attractivité vouée à la concurrence avec les autres pôles urbains, français, européens voire mondiaux.

 

Vice-présidente EELV à Clermont Communauté, Odile Vignal rappelle que le projet de Grand Stade (métropolitain) n’est une pas une priorité au regard des besoins en termes de rénovation énergétique. Sur le parc résidentiel privé de Clermont-communauté, un total 133 500 logements sont à réhabiliter. Or, pour atteindre les objectifs de performance énergétique fixés par la loi Grenelle 2 (soit 38% de réduction des consommations), le coût total des travaux est estimé à près de 1,2 milliards d’euros, soit plus de 80 millions € par an sur un peu plus de dix ans (et donc 31 millions d’euros supplémentaires par an, par rapport au rythme actuel de rénovation).

Si l’on souhaite maintenir le pouvoir d’achat de tous les occupants concernés, un soutien public moyen de 46% est nécessaire : il faudrait donc débourser 37 millions d’euros par an pendant 15 ans.

Le chantier de la rénovation énergétique est une priorité parce que la chaleur et le confort doivent être garantis à tous ; parce que le coût des énergies ne cesse d’augmenter et que la précarité énergétique devient un fléau national ; c’est enfin une priorité parce que c’est dans ce secteur que se trouvent les emplois locaux et non délocalisables.

Alors, certes le sport de haut niveau nous fait-il rêver. Mais nous avons à Clermont des équipements à la hauteur de ces rêves. Et l’urgence est aujourd’hui de bâtir l’emploi et la ville de demain. Il faudra s’y investir massivement sans se disperser.