Faire de Clermont une capitale européenne de la nature
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A l’occasion des Assises Nationales de la Biodiversité qui se tiennent cette année à Clermont-Ferrand, nous revenons sur l’enjeu de la biodiversité et avançons cinq axes de propositions à expérimenter pour faire de notre ville une cité exemplaire en matière de rapports à la nature.

« Les primevères et les paysages ont un défaut grave : ils sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine  », écrit Aldous Huxley, dans Le meilleur des mondes. Certes l’amour de la nature ne fournit pas de travail ; mais la nature, si. Elle procure de quoi fournir du travail, de l’énergie, bref de la vie. Face à ce que les scientifiques s’accordent à appeler la sixième extinction massive des espèces, extinction liée aux impacts de l’activité humaine sur la biosphère, l’enjeu de la biodiversité est absolument vital pour l’humanité et a fortiori pour son économie et son potentiel de développement. Et ce, à l’échelle de la planète comme de chacun de nos territoires.

Si l’enjeu de la culture – et de l’accès à la culture – nous semble capital, alors celui de la nature, comme de tout bien commun, ne peut pas l’être moins.

Nous nous sommes fixés l’objectif de faire de Clermont-Ferrand la capitale européenne de la culture à l’horizon 2025 en se saisissant de cette occasion comme d’un levier considérable pour l’égalité d’accès à la culture.

Pour nous écologistes, Il semble absolument essentiel de faire de notre ville une capitale européenne de la nature en symbiose avec notre ambition culturelle. Ce défi représente un enjeu majeur d’attractivité et de justice sociale pour notre territoire, que nous voulons dynamique, exemplaire et écologique à l’horizon de la prochaine décennie.

Dans cette optique, nous proposons d’inscrire notre action selon cinq axes qui marient la nature avec la ville, l’histoire et la culture.

Axe N°1 – Sanctuariser les Trames vertes et bleues traversant la ville en les rendant opposables dans nos documents et schémas d’aménagement, à commencer par le prochain Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi).

Écosystème en soi, la ville doit être considérée comme un maillon indispensable de la biodiversité, un carrefour stratégique des corridors écologiques tissés entre réservoirs de biodiversité (espaces naturels sensibles, parcs naturels, rivières…). C’est la place que nous devons donner au site des Côtes de Clermont au coeur de notre territoire dans le futur PLUi , réservoir de biodiversité ouvert aux habitants comme bien commun, mais aussi préservé pour l’observation et la recherche : véritable « central park » de notre agglomération, il sera la plate-forme de reconquête de la biodiversité sur notre territoire, entre ville et volcans.

Axe N°2 – Viser la « croissance verte » en ville, c’est-à-dire aussi faire croître la quantité de nature en ville : au travers des innovations du prochain PLU (Plan Local d’Urbanisme) clermontois et du futur PLUi, nous devons construire un indicateur de la biodiversité en ville, indicateur permettant de mesurer année après année la croissance nette et socialement partagée de la nature en ville, qu’il s’agisse de sols, de biomasse ou de nombre et de protection des espèces animales… Qui dit croissance de la nature en ville dit croissance de ses bienfaits : captation des gaz à effet de serre, de la chaleur et des pollutions de l’air, rétention d’eau et de fraîcheur, réduction des risques allergiques…

L’objectif de croissance verte serait chaque année délibéré et fixé lors du débat budgétaire municipal, étayé par une série de dispositifs à mettre en œuvre.

Axe N°3 – Faire de Clermont une capitale européenne des paysages, diurnes et surtout nocturnes.

La récente loi pour la reconquête de la biodiversité reconnaît la qualité des paysages nocturnes. La diversité et la spécificité des paysages auvergnats, urbains comme naturels, doivent nous inciter à valoriser cette ressource forte de nos territoires tant sur les plans visuel que sonore et olfactif.

Cela pourrait se traduire notamment par un travail de fond sur l’éclairage urbain en vue du respect de la faune et de la flore et dans un souci de sobriété énergétique.

La valorisation de nos paysages, diurnes et nocturnes, pourrait enfin déboucher sur leur valorisation culturelle, via un événement ou un festival du paysage, urbain, naturel et nocturne.

Axe N°4 – Développer l’agriculture urbaine et péri-urbaine en créant une régie agricole (municipale ou communautaire). Il s’agirait dans le cadre du PLUi de constituer des réserves foncières publiques destinées à des acteurs (paysans, associations…) tournés vers le maraîchage Bio et ce, afin d’approvisionner la restauration collective de l’agglomération , à commencer par les cantines scolaires.

Axe N°5 – Éduquer fortement à la biodiversité en créant, dans le cadre du Plan Éducatif de la Ville un parcours nature analogue au parcours culturel prévu pour chaque écolier clermontois. Un parcours éducatif conçu de telle façon que chaque enfant clermontois ait pu, avant d’entrer au collège, découvrir le jardinage, la faune, la flore, les essences d’arbre et leurs vertus respectives, comme la façon de les respecter et de les entretenir.

Par ailleurs, chaque citoyen doit pouvoir devenir acteur de la biodiversité au quotidien via, par exemple, l’implantation de végétal en pied d’immeuble, le développement de jardins partagés ou des concours de végétalisation…

Élu(e)s EELV Clermont-Ferrand

Dominique Rogue-Sallard, Nicolas Bonnet, Odile Vignal