Élargir une autoroute urbaine ? Halte au projet inutile !
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Les élu(e)s écologistes de l’agglomération prennent part à la concertation publique sur le projet d’élargissement à 2×3 voies de l’A75 au sud de Clermont-Ferrand. A cette prise de position, ils ajouteront bientôt une prise de position plus substantielle comme contribution au débat.

Le 4 mai dernier, ils ont également proposé et défendu une motion contre ce projet au Conseil municipal de Clermont-Ferrand.

2×3 voies, 78 millions d’euros et toujours 8 km de bouchons à Clermont-Ferrand au Nord, sur l’A71: vite passons à 2×3 voies au sud, sur l’A75, pour 170 millions !  »

Le plan de relance autoroutier se poursuit : 3,6 milliards d’euros sont avancés par les compagnies autoroutières en échange de la prolongation des concessions (de 4 mois à 6 ans). 3,6 milliards quand leur chiffre d’affaires annuel avoisine les 8 milliards !

Pendant ce temps, l’État est incapable de trouver 1 milliard d’euros pour enrayer le vieillissement du réseau ferré classique.

Les super-bénéfices autoroutiers auraient-ils pu servir à financer les infrastructures de mobilité durable ?

NON, car la politique du tout-routier est privilégiée, malgré la COP 21, malgré les coûts de santé publique liés aux accidents et à la pollution, malgré les charges d’entretien du réseau routier qui plombent les budgets des collectivités locales.

Une autoroute à 2X3 voies dans la ville ! Un maillon de plus dans le futur réseau routier du Grand Clermont

La mise à deux fois trois voies entre l’A71 et la sortie 5 de l’A75 achèvera l’élargissement de la traversée autoroutière de l’agglomération et légitimera ainsi la réalisation des projets suivants, inscrits au SCOT : au sud de l’agglomération, le conseil général a prévu et budgété la réalisation d’une rocade de contournement qui traverse l’Allier au droit de Pérignat-lès-Sarliève et de Cournon, avec un nouveau pont (coût estimé à 80 M€). L’État autorise également la réalisation d’une sortie sud (sur Beaumont) qui rejoindra l’autoroute A75 et la future rocade.

C’est un cercle vicieux : plus de flux, dont les ¾ sont des flux locaux et non du transit, on choisit donc d’élargir l’autoroute. Ce qui génère plus de flux automobiles, facilite l’éloignement du domicile par rapport à l’emploi et renvoie les problèmes financiers et sanitaires à… demain !

Car aujourd’hui, c’est gratuit !

Un élargissement gratuit.. mais qui paye ?

Cela ne coûtera rien à la collectivité, puisque c’est le concessionnaire APRR qui s’en chargera (en vertu des avances prévues dans le contrat de relance autoroutier) et qu’aucun nouveau péage n’est prévu à l’horizon.

Dans un rapport rendu en 2008, la Cour des Comptes relève que « le modèle économique des plans de relance autoroutier est construit de telle sorte que tout investissement des concessionnaires est compensé par une hausse de tarifs.

Qui paye ? Ce sont

  • les usagers du réseau APRR qui augmentera ses tarifs…notamment au nord, sur l’A71.

  • et les contribuables : car la concession d’APRR est prolongée, le temps que les 170 millions d’euros investis au sud sur l’A75 soient compensés par les recettes des péages de l’A71…

Disparition du domaine public autoroutier

L’État se débarrasse discrètement de ce patrimoine dont il ne veut assumer ni l’entretien, ni l’amélioration. Le risque à terme étant, estime la Cour des Comptes, que « les concessions deviennent perpétuelles et finissent par couvrir la totalité du réseau autoroutier. »

Projets inutiles

Cet élargissement est-il pertinent ?

  • au vu de l’inefficacité du précédent : 78 millions d’euros qui n’ont en rien résolu les bouchons estivaux sur la traversée de Clermont-Ferrand ;

  • Il est censé répondre à la problématique d’un trafic trop dense aux heures de pointe sur le sud de l’agglomération : une régulation de la vitesse (80 ou 90 km/h) ne serait -elle pas une garantie de la fluidité du trafic ?

Mais plutôt que d’avoir une réflexion globale sur la fluidification de la circulation sur cet axe et sur les alternatives crédibles et confortables à la voiture individuelle entre Clermont-Ferrand et le sud de son agglomération, on maintient le pari de la croissance du trafic automobile.

Et alors que s’accumulent les défis en tout genre – étalement urbain, pollutions diverses (air, bruit…), gaz à effet de serre… -, on s’aperçoit bien que cet élargissement concerne moins une politique publique qu’une simple et sempiternelle fuite en avant dans le tout automobile. Pourtant, avec les 250 M€ investis sur les élargissements autoroutiers de l’A71 et l’A75, on aurait pu financer au choix 18 km de tramway ou 170 km de voie ferrée…