Contresens et démagogie autour de l’écotaxe
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Le « tsunami social » qui ravage actuellement la Bretagne a trouvé un exutoire à la colère populaire en faisant de l’écotaxe le parfait bouc-émissaire. Mais comment dénoncer à la fois la concurrence déloyale des abattoirs allemands et une taxe qui les rendra moins compétitifs ?

700 000 porcs bretons sont envoyés chaque année à l’abattage en Allemagne. L’application de l’écotaxe irait dans le sens de leur abattage sur place. Ainsi seule la viande sera exportée, pas le cochon vivant ! Faire de l’écotaxe un symbole des difficultés actuelles du secteur est donc un contresens total, rappellent, dans un communiqué, les parlementaires écologistes, Ronan Dantec et François-Michel Lambert.

L’écotaxe poids lourds

– concerne 1% du réseau routier français
– coûtera au consommateur 0,5 centime pour un euro d’achat
– impacte tous les transporteurs, notamment étrangers et en transit

« Nous voulons dire avec force à ceux qui espèrent encore pouvoir suspendre la mise en place de l’écotaxe poids lourds que, sans rien changer à leurs difficultés, cela ne ferait que reporter à leur détriment la modernisation impérative de l’offre de transport et de logistique dans notre pays.

 

L’écotaxe c’est d’abord une fiscalité écologique qui instaure un cercle vertueux : elle résulte du Grenelle de l’environnement. Cette taxe existe dans cinq pays européens. Mise en place dès 2005 en Allemagne, elle a permis de mobiliser 4,3 milliards d’euros en 2012, et la part du fret ferroviaire y a fortement augmenté.

 

En faisant payer l’usage des routes par leurs utilisateurs réels, l’écotaxe s’inscrit dans une logique de changement des comportements et une optimisation des transports : moins de marchandises circulant en tous sens sur nos routes et des circuits plus courts. En s’appliquant aussi aux camions circulant à vide, elle incite également les transporteurs à rationaliser les tournées.

Un impact limité sur le consommateur

 

Il s’agit aussi de relativiser son impact sur les prix : le coût du transport représente 10% du prix des marchandises, la taxe est de 4,1% et elle ne porte que sur le transport routier empruntant les seules routes surchargées (1% du réseau routier français). L’impact de la taxe sera très limité, la moitié d’1 centime pour une salade de 1 euro. Même pas le coût du sachet plastique ! Bien loin du gaspillage de la chaîne de distribution (7% du prix du produit soit 7 centimes pour une salade à 1 euro).

De nouveaux flux financiers

 

Ceux qui s’insurgent contre cette taxe aujourd’hui manipulent la réalité. L’écotaxe ne va pas détruire l’économie locale. Au contraire, applicable à tous les transports, et payable au kilomètre, elle va pénaliser les transports longs et ainsi faire baisser l’avantage concurrentiel de marchandises provenant de pays aux normes sociales et environnementales faibles, ou encore faire payer aux transporteurs routiers étrangers qui ne font que traverser la France du Sud au Nord, et qui n’apportent rien à notre économie si ce n’est pollution, et destruction de nos routes. Les flux financiers créés par l’écotaxe sont ainsi créateurs d’emplois que ce soit par l’investissement en infrastructures (près de 1 milliard d’euros par an) et par la protection des emplois locaux contre certaines importations. Nous devons donc faire preuve de plus de pédagogie et de conviction dans notre manière de défendre l’écotaxe !

 

En tant que Vice-présidents des commissions du développement durable au Sénat et à l’Assemblée nationale, Ronan Dantec et François-Michel Lambert estiment que le gouvernement doit rester ferme sur l’application au 1er janvier de l’écotaxe, et, tout en soutenant son aménagement dans le cas de régions excentrées, dénoncent son instrumentalisation par certains lobbies, de toute évidence plus soucieux de leurs profits immédiats en instrumentalisant ceux qui souffrent de la fin d’un modèle productiviste, que des enjeux environnementaux et de développement local. »