Clermont : stationner vert ?
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Proposée de longue date par les élu-es écologistes, la reprise en régie de certains des parkings couverts de la Ville de Clermont devient une nouvelle compétence de la Communauté Urbaine. Jusqu’ici, ce service public était délégué (Délégation de Service Public, DSP) au groupe privé Indigo (filiale de Vinci), générant une rentabilité commerciale forte dont la collectivité ne profitait pas.

Le dernier rapport de la Chambre Régionale des Comptes relevait à la fin de l’année passée une « absence de flux financiers au profit de la Ville, malgré la réalisation de marges importantes (17, 6 % du Chiffre d’Affaires de rentabilité commerciale en moyenne) et des augmentations tarifaires pratiquées en dérogation et au-delà des indications contractuelles. »

Leur retour dans l’escarcelle publique (la Communauté Urbaine est en charge de la compétence) générera non seulement des recettes nouvelles, mais aussi des nouveaux moyens pour mettre en œuvre la politique de mobilités urbaines.

En effet, si l’investissement public dans l’offre de transports – notamment collectifs – constitue un levier essentiel des politiques publiques de mobilité, leur efficacité repose en outre sur les contraintes affectant les flux automobiles.

L’incitation la plus forte au report modal – c’est-à-dire à l’abandon de la voiture pour d’autres modes, collectifs et/ou actifs et doux – est liée à la raréfaction des possibilités de stationnement : on n’abandonne pas sa voiture tant qu’on est en mesure de se garer facilement, sans trop perdre ni d’argent, ni de temps.

En ce qui concerne les déplacements quotidiens pendulaires, le développement des modes alternatifs à l’usage de la voiture individuelle, ne peut réussir sans contrainte sur le stationnement urbain.

C’est une perspective de long-terme certes, mais c’est un renversement inévitable de perspective pour nos politiques de stationnement. Si jusqu’à présent, les parkings de centre-ville étaient conçus comme des « aspirateurs à voitures » censés dynamiser le centre-ville, son attractivité et ses commerces, une politique de gestion durable de ces équipements peut œuvrer dans un tout autre sens, s’adresser aux résidents en leur proposant une offre de stationnement sécurisé, au travers de laquelle la collectivité peut également inciter à d’autres usages de la voiture, notamment partagés.

La définition, par exemple, d’une politique tarifaire innovante dans ces parkings peut contribuer à une modification des usages de l’automobile, notamment pour les résidents : une tarification progressive indexée sur le nombre de sorties hebdomadaires du véhicule, ou sur son intégration à un pool d’autopartage peut contribuer à d’autres usages, plus économes et plus écologiques, de l’automobile. Pool d’autopartage que la collectivité pourrait lancer via un marché de prestation de services ou une délégation de service public correctement encadrée.

Aussi sur la période de trois ans de reprise en régie qui s’ouvre aujourd’hui à Clermont-Ferrand, les élu-es écologistes proposent d’étudier, non seulement les aspects techniques et économiques liées à leur exploitation mais aussi et surtout

  • la marge de manœuvre budgétaire nouvelle générée par les revenus de ces parkings qui peut être affectée en partie à nos politiques de mobilité propre et de qualité de l’air.

  • la portée de gestions innovantes quant à la circulation en centre-ville et à son impact en termes de report modal.

Trois éléments nous incitent aujourd’hui à faire preuve d’ambition en matière de politique de stationnement :

  • la dépénalisation et la décentralisation du stationnement, prévue pour 2018 : les amendes forfaitaires de 17 euros cesseront d’avoir cours. Elles seront remplacées par un tarif de post-stationnement dissuasif, destiné à améliorer le taux d’acquittement des durées réelles de stationnement et versé directement aux collectivités en charge qui devront en définir les montants ;

  • la prise de compétence de la Communauté Urbaine dont le prochain PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal) comprendra un volet « Plan de Déplacement Urbain » pensé comme une stratégie intégrée des déplacements et de l’urbanisation dans l’agglomération clermontoise ;

  • ainsi que cette reprise en régie des parkings en ouvrage du coeur métropolitain.

    La combinaison de ces trois outils nous donne l’opportunité de nous doter d’un levier nécessaire à l’accélération du report modal de la voiture (autosoliste) vers les modes de déplacement propres ; d’un levier pour le passage de la propriété du véhicule à l’utilisation partagée, du véhicule unique au déplacement multimodal conçu selon un bouquet de prestations de services adaptés aux besoins de chacun.

Ce serait une petite révolution pour une ville comme Clermont-Ferrand : répondre au double défi de la qualité de l’air et de la qualité de la ville, comme à celui de la transition écologique en général, nous oblige au succès.