Clermont renoue peu à peu avec la nature
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La politique du zérophyto ainsi que la gestion différenciée des espaces verts furent des initiatives d’Odile Vignal, adjointe EELV au développement durable, lors du précédent mandat municipal. Elles finissent par payer aujourd’hui alors que Clermont-Ferrand a décroché ce printemps le label ‘3ème Fleur’ des villes et villages fleuris, un label de plus en plus fondé sur des critères écologiques, liés au respect de la biodiversité.

Le label Villes et Villages Fleuris récompense les actions coordonnées par les collectivités locales pour aménager un environnement favorable à la qualité de vie des habitants et à l’accueil des touristes. Il est attribué sur la base d’une série de critères :

– La motivation pour l’obtention du label.

– La démarche globale de valorisation communale par le végétal et de fleurissement.

– Les actions d’animation et de promotion de cette démarche auprès de la population, des touristes et des acteurs pouvant être concernés.

– La présentation du patrimoine végétal et du fleurissement.

– Les modes de gestion mis en place pour entretenir ce patrimoine en respectant les ressources naturelles et la biodiversité.

– Les actions complémentaires mises en oeuvre pour favoriser la qualité des espaces publics (mobilier, voirie, façades, enseignes, propreté…).

– La cohérence des aménagements paysagers et de leur gestion selon les différents lieux de la commune.

Zéro pesticides

Lancée depuis quelques années, la démarche Zérophyto était montée d’un cran au printemps 2013 lorsque Odile Vignal signait avec le réseau Phyt’Eauvergne l’adhésion de la Ville au niveau 2 de la charte d’entretien des espaces publics.

Au menu : rédaction d’un plan d’entretien phytosanitaire de la ville, interdiction de traitement pour les surfaces à fort risque pour l’eau et techniques alternatives au désherbage chimique. L’objectif restant, à terme, de passer au niveau 3, c’est-à-dire à la suppression totale des traitements phytosanitaires.

Le niveau 3 sera atteint en début d’année prochaine avec l’entrée en vigueur de l’interdiction de l’usage de ces produits phytosanitaires pour les collectivités, telles que prévu par la Loi (2019 pour les particuliers).

Le 22 juillet 2015, l’Assemblée nationale adoptait la loi de transition énergétique pour la croissance verte qui prévoit la mise en place de l’objectif zéro pesticide dans l’ensemble des espaces publics à compter du 1er janvier 2017 : interdiction de l’usage des produits phytosanitaires par l’État, les collectivités locales et établissements publics pour l’entretien des espaces verts, promenades, forêts, et les voiries.

La commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel seront interdites à partir du 1er janvier 2019. Cette mesure concerne tout particulièrement les jardiniers amateurs.

Les produits de biocontrôle, qualifiés à faible risque ou dont l’usage est autorisé dans le cadre de l’agriculture biologique peuvent être utilisés : nous devrons être vigilants sur le décret à venir concernant la définition et la liste de ces produits de biocontrôle.

Gestion différenciée

Quant à la gestion différenciée, c’est une façon de gérer les espaces verts en milieu urbain qui consiste à ne pas appliquer à tous les espaces ni la même intensité ni la même nature de soins.

Selon cette approche, il est par exemple inutile, voire écologiquement non pertinent de tondre systématiquement toutes les surfaces enherbées, ce qui conduit à n’obtenir qu’un même milieu (pelouse rase), presque monospécifique et très pauvre en biodiversité, ne développant que peu de services écologiques.

La gestion différenciée, dans ce cas proposera que certains espaces moins fréquentés, aux sols plus fragiles, ou écologiquement précieux soient laissés à eux-mêmes, fauchés ou extensivement pâturés, afin d’y conserver des refuges pour la biodiversité et une plus grande diversité de paysages, alors que d’autres seront intensivement tondus en raison de leurs fonctions (terrain de football).

Cette logique s’accompagne souvent d’une augmentation du taux de végétalisation, de la surface boisée et d’une réduction (ou suppression) de l’usage des pesticides et désherbants et de l’exportation des produits de fauche et de taille (vers unité de compostage, horticulture, agriculture..) ou de leur utilisation locale (mulch, bois raméal fragmenté, compostage sur place, etc.)

Elle est donc complémentaire de l’objectif de gestion Zérophyto.

La suite ?

Voter et mettre en oeuvre le prochain PLU (Plan Local d’Urbanisme) de Clermont-Ferrand qui se fixe des objectifs et des moyens forts en direction des continuités naturelles en ville que ce soit autour de la Trame verte et bleue ou du Coefficient de biotope par surface et des pratiques de végétalisation : il en va de la qualité du cadre de vie comme de l’adaptation de notre ville aux contraintes du changement climatique.

Nous proposions l’année passée la mise en œuvre d’un plan et d’une politique de fraîcheur sur notre ville ; il pourrait constituer l’une des déclinaisons possibles de ce retour progressif de la nature en ville.

La nature en ville n’est pas une option, c’est la condition même de la réussite de la ville de demain, à la fois dense et respirable, attractive et durable, c’est-à-dire à faible impact écologique. Au-delà du vote de notre prochain PLU, nous veillerons donc à ce qu’il ouvre rapidement la voie à la déclinaison des principes qu’il mobilise, et notamment en termes de rapports entre ville et nature.