Clermont : le miracle IKEA ? (1)
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L’été clermontois a été marqué par l’arrivée d’IKEA dans le bassin clermontois. Alors que la poussière et les paillettes retombent, il est temps de tenter de discerner l’envers de cette arrivée si triomphale, du tapis rouge à tous les honneurs auxquels peut prétendre un investisseur privé, brandissant très haut l’importance des retombées économiques de son implantation.

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– Partie 3

– Partie 4

Depuis le début du mois d’août, IKEA est partout chez lui à Clermont-Ferrand : en bordure d’autoroute, dans nos têtes et nos boîtes aux lettres, dans les pages de la presse locale et celles du bulletin municipal, sur les pavés de la place de la Victoire (sic).

En somme, rien n’est trop beau pour IKEA. Et comme tout le monde le sait, quand IKEA va, tout va. Pas d’inquiétude, il y a des retombées économiques à la clé. Mais sont-elles si certaines ? Et de quelle nature ? Et finalement, que nous dit l’implantation d’IKEA sur les mutations de l’économie locale et régionale ?

Des retombées en termes d’emplois ?

L’arrivée d’une enseigne telle qu’IKEA, nous dit-on, ce sont avant tout des emplois dans le bassin.

Certes, mais en grattant les surfaces de communication qui entourent le débarquement du géant suédois, le triomphe d’IKEA, outre la modernité qu’il semble nous offrir, pourrait bien être l’arbre qui cache la forêt (par ailleurs équitablement abattue sous des latitudes moins tempérées que les nôtres).

L’arrivée clermontoise du numéro 1 mondial de l’ameublement a jeté un peu de lumière sur un secteur qui, localement, essuie la crise de plein fouet. Le magasin Atlas de Lempdes est en liquidation ; une enseigne vieille de 40 ans. Le magasin Fly de Lempdes aborde la période qui s’ouvre avec appréhension ; l’adaptation risque d’être délicate. Atlas, Fly ainsi que Crozatier, appartiennent au groupe de Mobilier Européen (groupe Rapp) : or celui-ci est placé en procédure de sauvegarde depuis juin dernier, et ce, afin de réorganiser ses activités. Et de ‘couper’, donc, les branches les plus fragiles.

Cumulée aux bilans désastreux du secteur en 2012, 2013 et début 2014, l’arrivée d’IKEA ne contribue pas à relancer l’activité de ces magasins tant le développement du secteur paraît inélastique. Avec un résultat de 9,27 milliards d’euros en 2013, le secteur large de l’ameublement génère un CA inférieur à celui de… 1990 (9,67 milliards d’euros). La profession en est réduite à appeler l’État à des incitations fiscales pour une relance du meuble à l’italienne…

IKEA crée 210 emplois à Clermont-Ferrand. En compensant la perte des 20 emplois du site Atlas à Lempdes. Mais en accélérant la crise du reste du secteur. Le bilan en termes d’emplois reste à apprécier sur la durée. A l’avenir, mais également au regard des pertes enregistrées depuis près de 30 ans dans le secteur du meuble en Auvergne [cf infra].

Destruction créatrice, dit-on souvent. Mais destruction quand même. Et ce, sans parler des professionnels du meuble de la vaste zone de chalandise d’IKEA – le « très grand Clermont » – dont les territoires risquent de pâtir de la concurrence du distributeur d’origine suédoise sans trouver les compensations économiques que le bassin clermontois trouve à l’installation de cette enseigne.

Quand bien même l’enseigne jaune et bleue contribuerait à une dynamisation locale et assez peu durable de la demande locale d’ameublement, celle-ci paraît assez peu élastique pour permettre autre chose qu’un jeu à somme nulle dans les années à venir : en gros, l’absorption du secteur par le nouvel arrivant.

[A suivre…]

IKEA bilan