Clermont : la droite en plein phare
Partager

« C’est ainsi que nous ferons de Clermont-Ferrand un phare, visible le plus loin possible, pour attirer les bateaux porteurs de richesses. » Et c’est ainsi qu’Allah est grand, aurait répliqué Alexandre Vialatte. Ah ! le bateau des richesses : la pesante métaphore colle aux semelles du héros local de l’UMP et pourrait même couler sa campagne sous un tsunami de conservatisme !

«Le territoire clermontois a besoin d’une révolution économique.» Serait-ce une rupture , voire la promesse d’une table rase sonnant comme un écho aux vibrantes envolées de l’extrême gauche ?

Aucun risque ici, la révolution a fait long feu.

L’invocation rabâchée du mot magique «  innovation » dont M. Brenas leste et leste encore chacune de ses phrases, ne suffit pas à lancer le vaisseau fantôme d’un projet encalminé sur la vase de son idéologie. Dans son délire métropolitain, le héraut de la droite locale décline à la perfection tous les poncifs d’un modèle d’ores et déjà dépassé.

Le grand navire de la captation maximale des capitaux, des hommes et des matières

Dans le grand bain de la compétition globale, tous les investissements vont au « phare », rien au territoire, à ses hommes et ses ressources. Comment peut-on parler de révolution économique sans même parler d’énergie ? Quid de « l’i-économie », cette révolution numérique, sans référence à la question des ressources ?

Invoquer l’avenir de Clermont, se projeter dans le grand bain de la compétition continentale et globale, des parts de marché, des flux, des emplois et des valeurs à attirer, conquérir et préserver… mais pour QUI et à quelles conditions ?

Mais où est donc le territoire ?

Dans son délire métropolitain, la droite succombe aux sirènes de cette économie hors-sol qui ravage aujourd’hui la Bretagne, en méprisant les hommes, les territoires et la nature.

Comment peut-on passer à côté de tout ce qui fait le socle du développement local de demain : le foncier, l’eau, le vivant, les énergies, l’alimentation, toutes ces ressources et biens communs qui conditionnent, pour une grande part, la qualité de vie de nos territoires ?

Les crises actuelles sont moins des périls à conjurer que d’incroyables opportunités.

Innovation – Ressources locales – Solidarités : voici le triptyque en dehors duquel on ne peut plus penser le développement d’un territoire avec tous les défis auxquels il est confronté : économique, énergétique, climatique, alimentaire…

Fort heureusement, les richesses n’attendent plus sur les bateaux d’un improbable océan ; elles reposent déjà sous nos yeux et nos pieds.

  • Ce sont, par exemple, 840 millions de dépenses énergétiques réalisées chaque année sur l’agglomération clermontoise. A dépense constante, une économie d’un tiers de ces dépenses génèrerait un gisement de 280 millions d’économies mobilisables pour l’investissement dans la rénovation thermique. A dépense constante, la réorientation d’un tiers de ces dépenses vers des énergies locales et renouvelables (biogaz, bois-énergie, géothermie…) créerait une boucle vertueuse d’investissement local.
  • Ce sont aussi 609 millions d’euros consacrés chaque année au parc de véhicules privés de l’agglomération. Une réduction de 1 % de ce parc (1 400 véhicules via report modal, covoiturage et auto partage) générerait près de 6 millions d’économies, là encore mobilisables pour la transition vers la mobilité partagée.
  • Ce sont encore 1,35 milliards annuellement consacrés à l’alimentation et dépensés à près de 80% dans les circuits de la grande distribution sur l’agglomération de Clermont-Ferrand. 1% de report vers une alimentation bio et locale équivaudrait à 13.5 millions d’investissement sur le territoire. Un levier considérable pour la santé et l’emploi.

Mais il n’y aurait plus d’argent ! Il dormirait dans les coffres des  bateaux ivres de la mondialisation rêvée par la droite dans son délire économique !

Non. Les ressources sont ici ; les besoins également. Reste à amorcer la pompe de l’investissement local vertueux en mobilisant tous les acteurs locaux, en créant la confiance et les outils nécessaires, politiques, financiers, techniques.

Les yeux rivés sur son phare, la droite éblouie joue aux naufrageurs de l’économie et du territoire clermontois.

Question : qui lui répondra sur le fond ? Sans le toucher, bien évidemment.