Avenue Charras : une entrée de ville apaisée
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Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, a récemment annoncé la piétonisation de l’avenue Charras dans le secteur de la gare. C’est une demande ancienne des écologistes clermontois. Pourquoi ?

Une telle mesure répond :

– au nécessaire rééquilibrage du partage de l’espace public clermontois en faveur des modes doux ;

– comme au besoin de requalification et de redynamisation d’un secteur en difficultés.

L’avenue Charras est une rue en souffrance dans un quartier qui ne l’est pas moins tout en restant un axe riche d’atouts et de perspectives qui a plus que jamais besoin d’apaisement ; la piétonisation est indispensable. Pour trois raisons :

1– Une entrée de ville majeure : l’avenue Charras constitue le débouché piétonnier naturel du Pôle d’Echange Intermodal (PEI) de la gare de Clermont-Ferrand qui voit circuler chaque jour plus de 10 000 voyageurs. Elle est aussi la liaison la plus courte avec le coeur historique.

Aussi, première entrée de ville d’importance tournée vers les modes doux et partagés, elle nécessite d’êtres soignée d’un point de vue urbanistique.

D’autant qu’elle recèle également une perspective paysagère tout à fait unique avec, dans son axe, une vue sur les lèvres du cratère du Puy de Pariou ainsi que sur les églises de la butte de Clermont-Ferrand : l’avenue Charras offre en quelques mètres un condensé de notre ville, tant dans ses paysages, son histoire que sa géographie. Une telle entrée de ville est à valoriser : or cet atout paysager ne se laisse apprécier qu’avec lenteur, une fois la rue apaisée.

2– Un axe essentiel vers le coeur historique : la reconquête du coeur historique de Clermont-Ferrand et notamment du versant est de la butte autour du joyau médiéval que constitue Notre-Dame-du-Port ne peut pas faire l’impasse sur les liaisons de ce centre ni avec le coeur commerçant, ni avec la ville en mutation (République), ni enfin avec les pôles de mobilité, dont celui de la gare.

Par ailleurs, la reconquête de ce versant est de la ville historique passe lui aussi par l’apaisement des espaces et notamment des rues, y compris, à terme et dans le prolongement du réaménagement de la place Delille – Salford, de la rue du Port, dont le nom même suggère la liaison vers le bas de la ville, aujourd’hui le quartier de la gare et l’avenue Charras.

Le renouveau touristique et urbanistique du coeur historique ne peut donc pas faire l’économie d’une réflexion sur cette avenue ; et son apaisement, sa piétonisation.

3Enfin, un axe en souffrance, sociale et commerciale, dont il faut assurer la reconquête. Tant l’OPAH (Opération Publique d’Amélioration de l’Habitat) gare, que le PEI, les tentatives de diversification, comme l’expérimentation d’une politique de préemption commerciale ne peuvent à elles seules inverser une tendance lourde à la mono-activité commerciale et à une paupérisation rampante malgré la bonne résilience de nombre de commerces locaux. L’ensemble de ces dispositifs et mesures doivent prendre place dans un projet plus vaste de réintégration urbaine de cette avenue à un projet de ville et notamment à celui de redynamiser et d’apaiser le versant est de la butte, lourdement impacté par la concentration des activités commerçantes et économiques à l’ouest, autour de Jaude et de la Cathédrale.

A nos yeux, l’apaisement et la piétonisation de l’avenue Charras peuvent permettre de lui redonner ses lettres de noblesse, celle d’une entrée de ville apaisée – la seule dans notre ville – à la hauteur de ce que Clermont-Ferrand a d’unique à proposer : son histoire, ses paysages.